L'année vue par...
Maurice Lévy, président du directoire de Publicis Groupe, commente pour Stratégies les grands événements de l'année 2015.

Les attentats en France. 

Tout a été dit sur cette annus horribilis nationale, commencée dans l’effroi avec Charlie hebdo et l’Hyper Cacher et finissant dans l’épouvante avec le Bataclan et les assassinats aux terrasses de café. J’ai été bouleversé par la violence et l’aveuglement de ces assassinats barbares, et particulièrement touché par la disparition de deux de nos collaborateurs, tandis que d’autres étaient durement atteints. Hélas, il n’y a pas grand-chose à ajouter, si ce n’est qu’un combat au long cours se profile face à l’attraction morbide de l’islam intégriste qui conduit à ces actes horribles. Nos concitoyens l’ont compris, comme en témoigne leur réaction très contrastée entre janvier 2015, le sursaut citoyen, et novembre 2015, la résolution sourde face à l’adversité.

 

L'accord de la COP 21. 

Tout a été fait pour que ce soit un succès. Et c’en fut un. D’aucuns critiqueront tel ou tel aspect, en particulier le fait que nous nous trouvions avec des engagements peu contraignants et insuffisants pour être en dessous des 2°C. Je crois qu’il ne faut ni gâcher son plaisir ni oublier le cruel échec du Danemark, et constater que la France a particulièrement bien joué même si elle a bénéficié d’un effet de sympathie à la suite, justement, des attentats. Il était difficile pour tous les chefs d’Etat et de gouvernement de ne pas montrer une forme de soutien à notre pays. Profitons-en et faisons en sorte que ce succès produise des effets.

 

L'essor des ad-blockers.

Il y a eu bien des tentatives pour bloquer la publicité. Je crois que les ad-blockers auront un succès d’estime et médiatique, sans grand effet économique. Il me semble que ce n’est ni dans l’intérêt des médias, ni même dans celui des consommateurs. En revanche, il est dans l’intérêt des agences de réaliser des campagnes créatives et attractives qui rendent plaisant de se laisser séduire par une bonne publicité avant de passer au contenu, souvent morne et triste.

 

Arnault, Bolloré, Drahi, les nouveaux tycoons des médias.

A chaque génération, de nouveaux magnats émergent. Dans ce métier comme dans beaucoup d’autres, l’essentiel est de durer. En ce début d’année, je leur souhaite de tout cœur de durer (oui, même à Vincent!).

 

Periscope, live de Facebook… les enjeux de la vidéo en live sur les réseaux sociaux.

Cela fait déjà plusieurs années chez Publicis que nous mesurons l’intérêt et le potentiel immenses de la vidéo pour les réseaux sociaux. C’est la forme d’écriture qui correspond le mieux à l’échange dans cet univers. Je pense que nous n’en sommes qu’au début de l’essor vidéo et, faut-il l’ajouter, de la publicité autour.

 

La montée du FN.

Préoccupante, inquiétante. Cette montée n’est cependant pas à séparer des problèmes que connaissent les Français depuis des décennies et que les gouvernements, les uns après les autres, ont promis de résoudre, sans succès. La montée du FN n’est en fin de compte que le symptôme d’un mécontentement croissant face au chômage et à l’immigration, et d’une forme de désespérance face à leur situation personnelle. Une cruelle déception quant à l’action des gouvernements successifs face à un sentiment d’abandon. La seule façon d’enrayer cette montée et de voir ce parti décliner consiste à traiter les problèmes au fond et de cesser de blâmer les électeurs pour leurs choix.

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