Dossier Picture marketing
Face au rouleau compresseur digital, les agences de photographies et les banques d’images se réinventent, notamment grâce aux smartphones.

Sygma, Gamma, Sipa… ces noms appartiennent au passé. Depuis six ou sept ans, la révolution numérique les a emportés, balayant le règne centenaire de la photographie argentique. Si plusieurs structures ont disparu ou été rachetées, des banques d’images en ligne gratuites ou bon marché, comme Shutterstock, se sont développées.

«Nous avons deux marchés: la presse et le corporate», précise Jean-Michel Psaïla, cofondateur et directeur d’Abaca Press. Placée en redressement judiciaire en février 2015, son agence a également connu la tourmente: «La presse étant touchée dans sa rentabilité, les fournisseurs, dont nous faisons partie, ont naturellement été affectés.» Il a donc fallu s'adapter et se réinventer. Le web représente aujourd’hui près de 40% de ses recettes. «Pas facile, néanmoins, de convaincre les photographes qu’il vaut mieux vendre 1 000 photos à 3 euros que 2 à 200 euros», explique-t-il. Il a investi dans des moteurs d’indexation efficaces, mais se refuse à devenir «un supermarché de l’image». Se tourner vers la publicité? Oui, «sans vendre son âme» pour autant, d’où un choix d’authenticité.

Nouvelles esthétiques

Cela tombe bien: c’est précisément ce que recherchent les marques. «Elles veulent des photos naturelles, spontanées, qui prônent davantage la mise en situation», souligne Karen Seror, marketing manager de Fotolia France, site web d'échange de photographies numériques racheté début 2015 par Adobe. L’utilisation massive des smartphones permet de capturer des émotions sur le vif grâce à cette portabilité. Pour s’aligner, Fotolia a lancé la collection Instant, composée de clichés pris via smartphone. «Au lieu des poses travaillées, on recherche de beaux moments résultant d’un savant mélange entre mise en scène et hasard, et dotés d’un fort pouvoir émotionnel», ajoute Karen Seror.

Les marques sont attentives aux nouvelles esthétiques, comme la mode des «hipsters», mais aussi aux évolutions sociétales. «Elles tiennent compte de la diversité, des seniors actifs, des familles recomposées, etc.», relève Keren Seror. Elle observe par ailleurs une forte demande pour des photos avec un grain plutôt vintage, qui s’éloignent des stéréotypes et racontent une histoire. Mais aussi «une forte augmentation des requêtes concernant les infographies et les logos, qui se retrouvent dans le Top 50 des visuels les plus téléchargés». Le recours à ce type de structures garantit aux annonceurs le respect de la propriété intellectuelle et du droit à l’image. Une tranquillité d’esprit précieuse!

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