Digital manager
Arrivé en 2015 chez EY, Frédéric Levaux s'appuie sur ses expériences d'entrepreneur pour mener la révolution digitale. Quitte à bousculer un peu le géant du conseil.

Pas nécessaire d’être agent secret pour mener une double vie. Ni de porter un long imperméable ou de mentir le soir en rentrant chez soi... Il suffit parfois d’être passionné par deux choses. Frédéric Levaux est de ceux-là. Incapable de choisir entre l’excitation de l’entrepreneuriat et la force des grands groupes, il a opté pour les deux. Et cela fait vingt ans que ça dure ! Lui et sa barbe blanche sont arrivés chez Ernst & Young en 2015, pour s'occuper de la transformation digitale. À la tête d’une équipe de trois personnes à temps plein -et jusqu’à quinze, en cas de besoin–, il travaille sur l’impact du digital dans l’organisation de la firme à deux lettres. «Notre mission? Prendre de l’avance sur les cinq prochaines années, détaille-t-il. Que ce soit pour nos clients ou notre propre organisation.»

Accompagner les clients dans le changement

De la gestion des notes de frais par le mobile, à des sujets plus prospectifs comme «l’uberisation» de l’audit, l’équipe a pour mission de lancer une dynamique. «Ce que le digital change, c’est surtout nos clients, assure-t-il calmement. L’accès aux technologies est beaucoup plus rapide, les phases de prototypage et de tests sont bien plus courtes.» Cela aura forcément des conséquences sur le métier de consultant. «On doit s’impliquer beaucoup plus. Ne plus se limiter aux recommandations», ajoute-t-il. Exit les «bullet points» sur quelques «slides» en guise de recommandation. Les consultants prennent part à l’implémentation du projet. Ils doivent mettre les mains dans le cambouis. C’est pour cette raison qu’E&Y a racheté Bluestone Consulting il y a un an, afin d’intégrer de nouvelles compétences. Mais comment développer un tel état d’esprit dans une structure aussi lourde, et pleine de processus ? «Il faut tout revoir. Les process, les employés, les clients… Le but c’est de travailler en lien avec les business unit, développe Frédéric Levaux. De discuter avec leur patron et de comprendre leur besoin. Le pouvoir du changement se situe au niveau des opérationnels.»

«Les start-up doivent faire du business»

Sa vision, ce baroudeur du digital l’a construite sur 20 ans. Il monte sa première entreprise, en 1997, après un master à HEC. «Avec un ami, on s’est mis à faire des sites web, le soir, pour 30 000 francs. On a réalisé celui de l’ambassade des États-Unis!», se souvient-il. Il rentre ensuite dans le conseil, pendant cinq ans. Et c’est en 2005 qu’il va faire sa meilleure affaire. «J’ai racheté un brevet pour un système permettant de certifier qu’une photo a été prise à un certain moment, en un certain endroit», raconte-t-il. Une sorte d’huissier électronique, très simple à faire de nos jours sur un smartphone, mais nous étions alors en 2005!

Frédéric Levaux a finalement senti le vent de la technologie mobile arriver, et a frappé aux bonnes portes. «J’ai dû batailler pour imposer l’idée, pour évangéliser les dirigeants», se rappelle-t-il. De contrats en contrats, l’entreprise grossit. Il la revendra en 2011. Cette expérience forge sa vision des start-up, pour lui trop souvent réduites à l'emblème «d’inspiration». «J’ai passé mon temps à faire des présentations, à gagner des concours, des hackathon. Mais rien de tout cela ne m’a rapporté d’argent. Les start-up doivent aussi faire du business!», martèle-t-il. En 2012, il débarque en tant qu’expert indépendant chez Pernod-Ricard pour allier les start-up à la stratégie de l’entreprise. «Beaucoup de directions de l’innovation se bornent à la veille. Les start-up ont une chose en plus: la capacité à résoudre des problèmes. C’est sur cette faculté que l’on doit se concentrer.» Et aller à la source, pour comprendre les difficultés auxquels les métiers sont confrontés.

#customerexperience : l'entreprise doit se transformer autour des besoins du client, le seul créateur de valeur pour l’entreprise.

#disruptivethinking : le digital permet de bouleverser les anciens modèles, à nous d'oser innover.

#marketingisdead : le marketing utilisé depuis un demi-siècle doit être totalement repensé.

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