Études
Laurence Parisot vient de céder l'institut Ifop, qu'elle a dirigé pendant plus de 25 ans. Le nouvel actionnaire, Dentressangle Initiative, compte dans son giron A+A Research, institut spécialisé dans la santé, et entend bâtir un acteur majeur du secteur des études au niveau mondial.

«J'ai annoncé avoir cédé l'Ifop à la famille Dentressangle. C'est un magnifique projet, numérique et international qui s'annonce.» Le 15 novembre, Laurence Parisot annonçait son départ de l’institut d’étude Ifop par ce tweet, accompagné d’une image: «That’s all, folks! [C’est fini, les amis!]»

Après plus de 25 ans à la tête de l’institut d’études, la vice-présidente et actionnaire majoritaire de l’Ifop a cédé 100% du capital de la société à Dentressangle Initiatives, la holding d’investissement de la famille Dentressangle. Issue de l’entreprise de transports Norbert Dentressangle, elle a été vendue en 2015 au groupe américain XPO Logistics au prix de 2 milliards d’euros, en plus d'un transfert de dette de 1,08 milliard d'euros.

Dentressangle Initiatives est associée à Pierre Pigeon, président d’A+A Research, société d’études spécialisée dans le domaine de la santé rachetée par le fonds en 2013: «Notre ambition est de devenir avec Ifop un acteur européen majeur du secteur des études», explique Pierre Pigeon. Intérêt de l’opération: le développement international. «A+A fait deux tiers de son chiffre d’affaires [30 millions d’euros] hors de France, dont près de 50% aux États-Unis, alors que l’Ifop est bien implanté à Shanghai. Ensuite, nous allons pouvoir financer la R&D, notamment dans le traitement du big data. Enfin, le savoir-faire d’Ifop va nous permettre d’aborder le patient consommateur, acheteur de médias hors prescription, auprès de clients comme Glaxo ou Sanofi.»

Dans le Top 50

«Dans le monde des études en récession constante, nous sommes touchés par la nécessité d’intégrer la data, et cela ne se fait pas en un claquement de doigts, souligne Stéphane Truchi, qui reste président du directoire de l'Ifop, tandis que Pierre Pigeon devient président du conseil de surveillance. Lorsqu’on se trouve dans une PME familiale comme l'Ifop [35 millions d’euros de chiffre d'affaires] et qu’il est difficile de générer du cash, soit on reste au milieu du gué, soit on change d’actionnariat.» Le nouvel ensemble –dans laquelle aucun rapprochement structurel n’est envisagé entre Ifop et A+A, qui gardent leurs managements respectifs– affiche un chiffre d'affaires de 65 millions d’euros et compte 300 collaborateurs.

«Le seul départ, c’est celui de Laurence Parisot», résume Stéphane Truchi, qui souligne que «en dehors de la cassure émotionnelle du départ de Laurence, la cession ne se fait pas dans la douleur». Pour Pierre Pigeon, «ce qui est important, c’est la notion de taille critique. Et avec plus de 60 millions d’euros, nous nous situons dans les 50 premières sociétés d’études mondiales. Cela permet de voir loin».

Didier Truchot, actionnaire principal de référence d’Ipsos

Autre mouvement capitalistique dans le domaine des études: Ipsos et LT Participations ont fait aboutir leur projet de fusion, à la suite de l'aval de leurs conseils d'administration le 14 novembre. Cela aboutit à la création d'Ipsos Partners SAS, structure qui prend une participation de 19% au capital de DT&Partners, la société de Didier Truchot, pour pérenniser le rôle de cette société comme actionnaire principal de référence d'Ipsos. 

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