communication
A l'occasion de la Semaine du développement durable (du 1er au 6 avril), portrait de l'agence Inoxia, conseil et acteur vert ambitieux et innovant.

Jeudi 29 mars, bistrot Rubis à Paris. Philippe Barre, fondateur de l'agence bordelaise Inoxia arrive en Vélib. Il ne vient pas de Produrable, le salon des professionnels du développement durable, mais des états généraux de l'innovation du Centre des jeunes dirigeants d'entreprise (CJD) dont il a été membre. C'est là que ce militant écologiste a forgé sa vision de chef d'entreprise. «Je suis créatif. Culture Pub m'a donné envie. Mais j'ai aussi des valeurs. J'ai cherché à les appliquer à la communication, un puissant levier pour accompagner le progrès écologique et social», lance-t-il.

Aujourd'hui, cet entrepreneur de 40 ans fait figure de pionnier. Son agence a été évaluée, en janvier, au regard de la nouvelle norme internationale ISO 26 000 relative à la responsabilité sociétale des organisations. Cette norme fera, avant l'été, l'objet d'un guide d'application au secteur de la communication. Mais Inoxia peut d'ores et déjà s'en prévaloir. «Un auditeur extérieur a analysé nos pratiques, explique Jean-Marc Gancille, nommé en 2003 responsable du développement durable de l'agence. Sa note définit quatre niveaux d'avancement: engagement, progression, maturité et exemplarité. Nous sommes dans la fourchette haute de maturité.»
Depuis 2007, Inoxia a ainsi réduit de 40%, chaque année, ses émissions de gaz à effet de serre en bannissant notamment le transport en avion. L'agence avance sur tous les fronts. En matière de ressources humaines, elle a instauré un rapport maximum de 2,5 entre ses plus hauts et ses plus bas salaires. Membre fondatrice de l'Association pour une communication plus responsable, Inoxia applique le développement durable à la diffusion, la production et la conception des messages. «Nous avons d'abord cherché à maîtriser l'impact de l'agence, puis à intégrer le développement durable à notre offre. Nous attaquons maintenant l'évolution de notre “business model”», commente Jean-Marc Gancille.

Philippe Barre associe en effet conseil et action. «Je ne veux pas être donneur de leçons mais démontrer que c'est possible. Je milite en agissant», précise-t-il. D'où la création de la holding Evolution, incubateur d'entreprises vertes et solidaires. Elle va donner naissance au projet Darwin, un écoquartier de 10 000 m², «recyclant» une ancienne caserne de Bordeaux et mêlant bureaux, commerces, restaurant, crèche et activités culturelles. Inoxia y installera, à l'automne, ses bureaux à côté d'autres agences de communication. Des architectes, photographes, urbanistes et vidéastes y côtoieront des entreprises et des indépendants de l'économie verte. «J'ai créé un fonds de dotation qui soutient les skaters et créatifs culturels qui ont investi ce lieu de manière sauvage, poursuit Philippe Barre. Nous soutenons leur démarche, essentielle pour nos métiers et la vie de la cité.»

 

Une approche d'avenir

Darwin est également l'occasion de mettre en œuvre une approche d'avenir avec ses clients, salariés ou concurrents potentiels: la «coopération radicale». L'agence s'est ainsi associée à la Maison Meneau, fabricant de sirops et jus de fruits bio, pour lequel elle a revu l'ensemble de sa communication (packaging, publicité, Internet, etc.). Ensemble, ils vont créer pour «Darwin» un magasin général consacré à la consommation responsable. «Evolution» a, par ailleurs, aidé un ancien salarié d'Inoxia à fonder une conciergerie d'entreprise verte et solidaire. Enfin, le lieu, par essence collaboratif, va lui permettre de s'allier à d'autres agences pour mutualiser les expertises et peser plus lourd dans les appels d'offres.

Ce projet dans lequel Philippe Barre a investi 13 millions d'euros devrait porter la croissance de cette agence de 26 salariés (1,9 million de marge brute) travaillant, entre autres, pour E.Leclerc, la Lyonnaise des eaux et la Mairie de Paris. Bénéfique en termes d'image, le projet enrichit également son expertise. Bouygues Immobilier l'a ainsi choisie, dans la foulée du projet Darwin, pour travailler sur les écoquartiers. Inoxia s'apprête aussi à lancer une nouvelle offre plus axée sur la stratégie d'entreprise. Avec un même objectif: accompagner les organisations orientées vers la transition écologique.

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