Au terme de la fusion, Publicis Omnicom group entend parvenir à 500 millions de dollars d’économies. Réellement sans suppressions d’emplois ? Explications.

« Les effets d'échelle et les synergies internes de l'ensemble combiné devraient permettre de générer des gains d'efficacité de 500 M de dollars soit 377 M€. » Voilà ce qu'affirme le nouveau groupe Publicis Omnicom group dans son faire-part de mariage. Il se donne trente mois pour y parvenir. L'intérêt de ces fusions géantes, au-delà de constituer une puissance de frappe mondiale, se trouve aussi là : mutualiser davantage de services pour parvenir à des économies.
Or la première source de coûts chez des mastodontes de cette taille, c'est avant tout la masse salariale : 130 000 salariés en tout chez le futur numéro mondial de la publicité. « Il n'est pas question de couper des têtes, explique-t-on d'emblée chez Publicis Omnicom. On adapte déjà les effectifs aux gains ou pertes de budgets, et aux mutations des métiers, il n'y aura pas de changement par rapport à cela. »

 

 

L'autonomie des agences préserverait l'emploi

 

Du côté syndical le point de vue est bien sûr différent. « Il risque d'y avoir de la casse dans les réseaux d'agence, note Romain Altmann, responsable CGT du groupe Publicis Omnicom. Rien qu'en France entre DDB, TBWA, Saatchi & Saatchi, MSL group... il y a des activités communes et donc des doublons en termes d'expertises. Sauf si la nouvelle direction choisissait de conserver l'autonomie des agences ce qui pourrait permettre de préserver l'emploi. » Dans l'hexagone Publicis emploie 5 000 salariés, Omnicom (DDB, TBWA, CLM-BBDO...) plusieurs milliers de personnes.
« Et même s'il n'y avait pas de doublons en termes de business, toute fusion aboutit à des restructurations au moins dans les fonctions supports (ressources humaines, finances par exemple), souligne Charles-Henri Besseyre des Horts, professeur associé à HEC dans le département management et RH. Il faudra que les mêmes efforts soient demandés aux deux parties, sinon il y a un vrai risque d'échec de la fusion. » Le contrat de départ d'une fusion entre égaux n'étant plus respecté.
« Jusqu'ici, Publicis avait pour tradition de ne jamais faire de PSE (plan de sauvegarde de l'emploi), plutôt de privilégier les plans de départs volontaires ou ruptures amiables, poursuit Romain Altmann. Nous surveillerons la façon dont sera menée la restructuration du secteur de l'affichage (Media transports...), où la numérisation des panneaux pourrait entrainer des destructions d'emplois ». Un premier test social qui pourrait intervenir dès la rentrée pour Publicis Omnicom.

 

 

Mise en commun de l'immobilier et des systèmes d'information


Deuxième grosse source de dépenses dans ces grands groupes : l'immobilier. « La fusion va nous permettre de loger nos différentes agences sous le même toit dans le plus de pays possibles mais en préservant leur indépendance, détaille-t-on chez le nouveau géant de la communication. Publicis a déjà la réputation d'avoir le coût immobilier le plus bas de la profession... Et cette optimisation va continuer. » Une partie des 500 millions de dollars pourrait donc provenir de ces rapprochements géographiques d'agences.
Et puis il y a d'autres techniques classiques des chasseurs de coûts : le regroupement des achats, ce qui permet de négocier les tarifs auprès des fournisseurs et sous-traitants. La mise en commun des systèmes d'information, voire des plateformes de production. Cette dernière activité prend de plus en plus d'importance, à mesure que le digital se diffuse. « Le fait de pouvoir démultiplier sur un plus grand nombre d'entités l'utilisation d'une plateforme générera, à terme, des économies », souligne ainsi une porte-parole du nouveau groupe. Dans tous les cas il faudra qu'il y ait « beaucoup de communication vis-à-vis des salariés pour que la fusion soit un succès », conclut Charles-Henri Besseyre des Horts. Là, normalement, Publicis Omnicom dispose des compétences en interne...

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