création
Après une inscription massive au festival créatif européen, les agences et sociétés de production hexagonales sont reparties de Lisbonne les bras chargés de prix.

Mercredi 4 décembre, c'était le 25e jour consécutif de plein soleil sur Lisbonne. Pour la troisième et dernière année, la capitale portugaise accueillait le festival créatif européen Eurobest. Dans un pays très marqué par la crise économique, le jeune créatif Miguel Durão affirme pourtant que «la publicité portugaise se porte de mieux en mieux». Et ce, même si les talents locaux s'exportent encore beaucoup pour fuir la situation économique. Lui-même, après un court passage à Londres, travaille désormais comme concepteur-rédacteur chez Buzzman. Il y est d'ailleurs l'auteur de l'opération «Le dernier carré» pour Milka qui termine en beauté les Eurobest avec le Grand Prix de la catégorie Média.

Dès le départ, avec 692 entrées inscrites, la France se plaçait en deuxième position des pays présents aux Eurobest, après l'Allemagne mais devant le Royaume-Uni. Et avec au final 3 Grands Prix, 11 Gold, 24 Silver et 37 Bronze pour un total de 20 agences primées, le drapeau tricolore a transformé l'essai.

«En interactif, les Français ont rattrapé leur retard par rapport à il y a quatre ou cinq ans, où la Suède et le Royaume-Uni dominaient le secteur», estime Ivan Beczkowski, président de BETC Digital et membre du jury Interactive et Mobile. Dans ces catégories, deux campagnes hexagonales se sont d'ailleurs illustrées, toutes deux pour BNP Paribas: Sid Lee Paris remporte un Gold avec l'opération «We were there» et We Are Social un Silver et deux Bronze avec «Tweet & shoot». «Il faut aussi souligner le Silver remporté par la campagne «Facebook 1914» pour le musée de la Grande Guerre de DDB Paris en copywriting», ajoute Ivan Beczkowski.

«Ce palmarès montre que les pays européens répondent à la crise économique par plus de créativité», assure Andrea Stillacci, président en charge de la création de l'agence Herezie, et membre des jurys Film, Print et Integrated. En Film Craft, les Français ramènent notamment un Grand Prix et deux Gold. Patrick Pauwels, directeur des productions TV chez Prodigious Films et membre du jury Film Craft, évoque des discussions «intenses»: «Comme souvent dans cette catégorie où il est difficile de séparer l'idée de l'exécution d'un film, nous avons eu du mal à trouver la grille d'élimination.»

 

Désintérêt pour la radio

Marion Combaluzier, directrice des contenus de l'agence Babel et jurée en Direct et Promo & Activation, estime que ces catégories manquent de lisibilité: «Certaines opérations remportent des prix en Direct ou en Promo et dans plein d'autres catégories. Qu'est-ce que cela veut dire d'être short-listée 25 fois? Tout se mélange et il vaudrait mieux redéfinir les catégories dans ces festivals dont les palmarès ne donnent plus d'indication pertinente sur l'évolution de notre métier.»

Stéphane Xiberras, président et directeur de la création de BETC et président des jurys Affichage et Radio et également membre du jury Integrated, se désole du désintérêt des agences pour le média radio. Plus globalement, il souligne la qualité des débats même si les Eurobest souffrent d'être en fin de calendrier créatif: «Certaines campagnes pâtissent du fait d'avoir été déjà beaucoup vues, notamment à Cannes, et ce n'est pas normal: une bonne campagne reste une bonne campagne.»

Enfin, Stéphane Xiberras souligne le fait que beaucoup de jurés aux Eurobest sont juniors: «C'est à la fois une chance et, en même temps, cela influence le palmarès vers une course à l'innovation, au jamais vu. En tant que président, j'ai dû aussi expliquer que réussir une très bonne campagne classique c'est tout aussi intéressant...»

 

Encadré

 

DDB réseau de l'année

Dans cette pluie de récompenses françaises, se distinguent les trois Grands Prix décrochés par l'agence Buzzman pour Milka (catégorie Média), Herezie pour Harry's (catégorie Craft Print & Posters) et, enfin, Being pour Come 4 (catégorie Film Craft).Avec un beau parcours grâce notamment à la campagne pour le musée de la Grande Guerre, l'agence DDB Paris finit en troisième position des agences de l'année. Plus globalement, DDB est, par ailleurs, le réseau de l'année devant BBDO et Publicis. Enfin, la maison Henry de Czar se place en seconde position des sociétés de production de l'année, précédée par Bacon.

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