Relations publics
Syntec Conseil en relations publics a élaboré la première charte déontologique régissant l'activité de communication de crise qui, comme le lobbying, n'a pas bonne presse...

«On ne peut pas faire la guerre sans gilet pare-balles», lance Yves-Paul Robert, directeur associé et responsable de la communication de crise à Havas Paris. Une formule imagée qui a le mérite de synthétiser l'intention du syndicat professionnel, Syntec Conseil en relations publics, avec sa toute nouvelle charte éthique des professionnels de la communication de crise. Elaborée par une commission ad hoc, créée en avril dernier et dirigée par Yves-Paul Robert et Claire-Valérie Guillen, partner elle aussi à Havas Paris, ce texte est «une avancée majeure pour la profession et pour la consolidation de ce métier».

 

Longtemps considérée comme un métier de l'ombre aux pratiques empiriques et parfois manipulatrices, la communication de crise, sous la houlette d'une nouvelle génération de professionnels, souhaite être davantage acceptée et respectée et ne plus être source de fantasmes. Il faut dire que les couvertures média récurrentes sur les méthodes des gourous de la com, d'Anne Méaux d'Image 7 à Michel Calzaroni de DGM en passant par Stéphane Fouks d'Havas, n'ont guère aidé ces dernières années. «L'idée de cette charte est de normaliser notre image et de cesser d'être, nous-mêmes, des sujets de crise pour nos propres clients et éviter ainsi de devenir une caricature», déclare Yves-Paul Robert.

 

Devoir de vérité

 

Aujourd'hui omniprésente et en permanence décryptée par les médias, la communication de crise ne peut plus être cantonnée à une réponse technique. «On parle désormais de crise d'opinion, amplifiée par les réseaux sociaux. La communication sert même de critère d'évaluation des dirigeants. Des bulles médiatiques se créent sans cesse. A l'heure de la médiacratie, les entreprises sont soumises au tribunal médiatique qui relaxe, met en sursis ou condamne à tout va», estime Yves-Paul Robert qui considère cette discipline plus que jamais indispensable.

 

«La Charte, explique Claire-Valérie Guillen, pose les bases d'un code partagé par les agences avec des droits et des devoirs», tels que justifier d'un savoir-faire, ne pas pressuriser ses équipes, disposer d'un devoir de retrait («en cas de risque de délit d'initié, de violation du secret de l'instruction...»), ne pas mentir («si ce n'est par ommission ou de bonne foi, une information vraie un jour peut ne plus l'être le lendemain»...), éviter de conseiller plus d'un client dans une même affaire («sauf accord des parties») et pouvoir refuser un client.

 

«Sur ce dernier point, nous nous sommes donné des critères communs et objectifs, à savoir le droit existant, en l'occurrence des condamnations pour crimes mais aussi le recours à de faux nez (un think tank qui travaille pour un dictateur par exemple)», précise Yves-Paul Robert qui espère ainsi que les agences ne seront plus tentées d'accepter de tels contrats craignant que la concurrence les récupère. 

 

Une formation en projet

 

Dernier sujet abordé: le secret professionnel. «L'idée est bien sûr de se l'imposer mais avec l'objectif à terme d'être protégé par la loi, comme les avocats ou les journalistes pour leurs sources», espère Yves-Paul Robert qui vise à moyen ou long terme ni plus ni moins que la création d'un Ordre des communicants de crise et d'une formation spécifique.

 

La Charte, qui sera envoyée à la quarantaine de membres de Syntec Relations Publics afin qu'ils la signent, sera présentée à l'Université Paris-Dauphine, le 18 novembre, lors de l'Agora du syndicat qui aura pour thème : «Quelle éthique pour la communication de crise ?». «Clairement, ce texte n'est qu'une première étape, conclut Yves-Paul Robert, il permet déjà de nous doter de régles communes en interne, d'envoyer un message aux médias et un signal fort à nos clients en termes de crédibilité».

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