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Depuis qu'il a quitté DDB, l'énigmatique Alexandre Hervé dirige la création de Romance d'une main de maître. Portrait d'un tueur de la création aux mille mystères.

Il est des gens qui tchatchent sans cesse pour peu de chose, et d’autres chez qui les mots sont rares mais précieux. Alexandre Hervé est de ces derniers. Le « petit bonhomme aux cheveux gris », comme s’amuse à l’appeler la réalisatrice Katia Lewkowicz, est ce que l’on peut qualifier d'homme mystérieux. Un vrai. Sans artifice ni fausse modestie. C’est d’ailleurs gêné, sourire en coin, qu’il annonce la couleur : « Vous auriez dû choisir quelqu’un d’autre. Je n'aime pas parler de moi, je ne suis pas un sujet qui m'intéresse. »

   Pourtant, le Breton perfectionniste a de quoi, osons le dire, fasciner. Découvert par Gabriel Gaultier, alors patron de Leg, il intègre son agence avant de débarquer chez DDB à la tête de la création aux côtés de son acolyte Sylvain Thirache. « Les gens nous attendaient avec des fusils… » Animosité notamment liée à sa jeunesse : s’il semble qu’Alexandre Hervé ait le même âge depuis toujours, il a à l’époque tout juste 30 ans. « On m’a toujours cru plus vieux. C’est certainement à cause de mes cheveux. »

Crise de la quarantaine.

Une marque de fabrique qu’il trimballe pendant douze ans dans l’agence d’Omnicom qu’il quitte pour une autre filiale du groupe, à son image : discrète mais efficace. « Douze ans, c’est une tranche de vie. J’étais en panique en partant, je me disais : “Et si je me plante ?” Le problème en étant DC, c'est que soit tu montes les échelons, soit tu disparais. » Cette « crise de la quarantaine », comme l’appelle l’intéressé, lui permet de lancer une agence florissante. « Ce qu’est devenu Romance me fait peur. Nous avons commencé dans un garage, nous planter n’aurait eu d'impact que sur nous. Maintenant, nous sommes 45. Nous n’avons pas le droit de planter 45 personnes. »

Humilité et confession .

Malgré une carrière à rallonge croulant sous les prix – « Je me sens vieux », avoue-t-il, constatant que la majorité des DC ont été ses créatifs -, sa plus grande réussite est récente. « Le film “L’amour, l’amour” pour Intermarché nous a permis de passer dans la cour des grands. Quand on va chez des clients avec notre vidéo de présentation, ils réagissent quand le film passe : “Ah c’est vous ?” C’est une grande fierté. » Pour autant, Alexandre Hervé porte un regard très humble sur son secteur et confesse, songeur : « On n’est pas des stars, il faut savoir rester à sa place. Ce n’est que de la pub… » S’il est à parier que beaucoup de choses le passionnent hors de son job – « Je n’ai jamais eu l’impression de travailler », dit-il - il laisse planer le mystère d’un sourire franc : « Je pense que pour vivre heureux, il faut vivre caché. Mais vous pouvez inventer si vous voulez. » Merci, le silence suffira.

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