L'année vue par
Présidentielles, nominations, médias... Yannick Bolloré, président directeur général du groupe Havas, revient sur les grands événements qui ont marqué l'année 2017.

La réorganisation chez Havas avec la nomination de Matthieu de Lesseux.

En passant de plus en plus de temps aux États-Unis, qui reste le premier marché du groupe, j’ai pensé qu’il fallait mettre en place une structure de gouvernance propre à la France. J’ai nommé Raphaël de Andréis patron de Havas Village France. Passé par BETC, Canal + et Havas Media, il connaît toutes les facettes du métier. Il a nommé Matthieu de Lesseux patron des agences créatives et tech de Havas Village France, soit Havas Paris, Human Seven (ex-Les Gaulois) et les activités françaises de Fullsix. Entre l’entrepreneuriat, la direction d’agences créatives traditionnelles comme DDB et d’agences plus digital native, son profil est précieux pour nos agences qui vivent une transformation de leurs métiers. Cette réorganisation se structure autour d’agences créatives qui maîtrisent tous les aspects du digital, et avec Fullsix et Ekino, d’un pôle centré sur la création de plateformes digitales et sur l’expérience utilisateurs, celle des agences UX.

La nomination d’Arthur Sadoun et le départ de Maurice Lévy.

C’est une succession annoncée de longue date. Vu de ma fenêtre, cela me paraît assez légitime. Arthur Sadoun a beaucoup de qualités et il arrive à un moment difficile où il y a beaucoup de travail. On verra son impact sur le groupe Publicis dans l’avenir.

Les péripéties de la campagne présidentielle en France.

Comme tous, j’ai beaucoup suivi cette campagne. Une sorte de Game of Thrones version politique. À titre personnel, j’ai trouvé cette période fascinante par ses surprises en cascades : la victoire de François Fillon aux primaires de la droite, la non-candidature de François Hollande, la victoire de Benoît Hamon à la primaire de la gauche. La présence au second tour de deux candidats outsiders, et la victoire plus large qu’anticipée d’Emmanuel Macron.

La présidence Macron, la nomination du gouvernement Philippe et le renouvellement du personnel politique.

Je retiens d’abord l’envie de changement incarnée par Emmanuel Macron. Il redonne une place à la France sur la scène internationale, resacralise la fonction présidentielle et surtout, tient ses promesses de campagne. En voyageant, j’ai souvent été témoin du french bashing. Désormais, le regard de nos interlocuteurs est bienveillant à l’égard de notre président. Ce changement est flagrant. Quant au gouvernement Philippe, il contient des sensibilités politique diverses, une hétérogénéité de profils tout en donnant un sentiment d’unité. La plupart des membres du gouvernement ont eu des parcours différents. Ce ne sont pas des professionnels de la politique mais ils sont dotés d’une longue expérience dans le privé.

L’investiture de Donald Trump, la dénonciation des fake news.

Je fais partie de ceux qui n’ont pas été surpris par sa victoire. Lors des primaires du Parti républicain, il a fait preuve d’immenses qualités de persévérance et de conviction. Il était candidat contre l’avis du parti, confronté à treize adversaires qu’il a devancés. J’avais noté sa formidable compréhension des médias sociaux et de la façon de les amplifier ; et son utilisation des datas pour cibler les États dans lesquels il fallait faire campagne pour utiliser au mieux le système des grands électeurs, en le tournant à son avantage. Quant au phénomène des fake news, je ne crois pas qu’il ait eu un réel impact sur l’élection américaine même si cela demeure un sujet de préoccupations.

Alexandre Bompard à la tête de Carrefour.

Je le connais depuis qu’il était directeur du sport à Canal+ [2005-2008]. Les qualités qu’on lui prête sont fondées. C’est un très grand manager. Il arrive à un moment de rupture difficile dans le monde de la distribution. Son enjeu principal va être de redonner de l’agilité à Carrefour pour s’adapter aux nouveaux paradigmes de ce milieu.

La mort de Johnny Hallyday.

Je l’ai rencontré quelques fois et j’ai été frappé par le fait qu’il aimait vraiment les gens, quels que soient leur âge et leur classe sociale. Il est déjà entré dans l’inconscient collectif. Plus encore que des footballeurs, il est aujourd’hui la personne qui rassemble le plus les Français.

La réforme annoncée de l’audiovisuel public.

Je serais moins sévère que certains, je ne dirais pas que « c’est la honte de la République ». Je fais partie de ceux qui trouvent que le service audio et radio public est de qualité. Mais l’audiovisuel public doit faire des efforts pour s’adapter… comme toute entreprise, même la meilleure : adapter ses structures de coût, trouver de la productivité et faire évoluer son offre vers l’international.

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