Talent à suivre
Depuis maintenant trente ans, Nasty, street-artist et publicitaire, s’emploie à faire émerger la culture urbaine du graffiti. Ces dernières années, le Parisien a beaucoup travaillé avec les marques, qui se sont emparées du phénomène.

[Cet article est issu du n°1939 de Stratégies, daté du 1er mars 2018]

 

À 43 ans, Nasty (de son vrai nom Alexandre Hildebrand), street-artist et concepteur rédacteur chez Publicis Conseil, s’affirme comme l'un des talents de la scène urbaine française. Sa découverte du graffiti survient au milieu des années 80, principalement à travers la télévision et l’émission H.I.P. H.O.P., présentée par le bondissant Sidney, diffusée sur TF1 de janvier à décembre 1984. « Cette initiation au graffiti a été un véritable électrochoc et j’ai su que ma vie serait guidée par cette culture. »
Il écume les terrains vagues, les rames de métro afin de laisser son art s’exprimer. « Il y a un côté noble à prendre des risques pour offrir son art à la ville sans attentes de contreparties. » Issu du milieu du hip-hop, Nasty gravite dans un univers aux disciplines multiples que sont le graffiti, la danse et le rap. « Chacun doit trouver sa place dans le mouvement, en somme la discipline qui lui correspond le mieux. » Mal vu pendant très longtemps, le graffiti rentre peu à peu dans la culture collective. « Lorsque la dénomination a changé, de graffiti à street-art, un engouement nouveau est né. Le street-art est devenu le mot politiquement correct pour désigner cet art de rue. »

Le street-art prend ses marques

C’est au début des années 1990 que le grand public commence à s’intéresser à ce phénomène. « Les premières à avoir soutenu des artistes urbains, et à les avoir fait sortir de la rue, sont la créatrice Agnès Troublé (Agnès b.) et la galeriste Magda Danysz. » C’est d’ailleurs dans une galerie de cette dernière que Nasty expose pour la première fois en 1992. Par la suite, les marques s’emparent de cette tendance.
Pour l’artiste, cette montée en puissance du graffiti est générationnelle : « Les personnes qui ont du pouvoir aujourd’hui, que ce soit chez les annonceurs, dans les agences ou les médias, sont issues de cette génération élevée avec ces cultures urbaines et donc elles leur parlent. C’est pour cela qu’elles les utilisent de manière naturelle dans la communication des marques. »
La publicité, sans cesse en recherche de nouveautés, ne tarde pas à cerner la potentialité du street-art. « Pour une marque, il est toujours utile de pouvoir porter un mouvement de masse et de pouvoir s’en servir à son compte, y compris pour des cultures contestataires. »
Nasty sépare néanmoins son travail publicitaire de son œuvre artistique. « Le point commun entre le graffiti et la pub est que mon travail se retrouve sur des affiches, dans la rue ou dans le métro », ajoute celui qui collabore, à titre d’artiste, avec des marques comme Monoprix, La Maison du Chocolat ou encore Burn. Deux activités bien distinctes pour Nasty qui « tente néanmoins d’insérer du graffiti dans la pub ». Il travaille actuellement sur une rétrospective de ses 30 ans de carrière ainsi que sur deux projets avec des marques comme Clarins, Coca-Cola et Hôtel Molitor qui sortiront en septembre prochain.

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