Le PDG d'Orange demande que les mêmes règles s'appliquent en Europe pour les GAFA et pour les opérateurs de télécommunication. Sont visées la fiscalité mais aussi la gestion des données personnelles et les règles concurrentielles

Le PDG d'Orange, Stéphane Richard, a souhaité dimanche 1er février que l'Union européenne (UE) impose aux GAFA (Google, Facebook, Amazon et Apple) les mêmes règles qu'aux opérateurs télécoms européens, en matière fiscale, concurrentielle et de protection des données personnelles.

 

«Il n'est absolument pas acceptable que Google fasse à peu près (...) un milliard d'euros de chiffre d'affaires en France, et ne paie pas d'impôts», a déclaré le patron dans l'émission Le Grand Jury de RTL/LCI/Le Figaro.«Je veux que ces gens paient des impôts comme nous, là où ils font du chiffre d'affaires et là où ils créent de la richesse, sur nos marchés, dans nos pays», a-t-il affirmé.

 

«Deuxièmement, je souhaite que la régulation qui nous touche sur des sujets très sensibles comme la protection des données personnelles, leur soit appliquée», a poursuivi M. Richard, faisant référence, outre Google, aux géants américains. «Troisièmement, je souhaite que des règles anti-concurrentielles que nous subissons (...) depuis 20 ans, leur soient appliquées, et que l'on traque chez eux les pratiques anti-concurrentielles, car il y en a», a-t-il dit. »Où est le problème concurrentiel ?», s'est interrogé le PDG d'Orange, observant que Google affiche «97% de parts de marché dans les moteurs de recherche sur internet» et équipe «les 2/3 des smartphones de la planète».

 

 

Vers de nouvelles règles de concurrence en Europe ?

 

Les règles actuelles de la concurrence en Europe sont «à revoir profondément», a estimé M. Richard, appelant à rompre avec «la politique anti-trust» menée depuis 30 ans par l'UE, «qui a bloqué des concentrations au nom de l'idéologie de la concurrence. Il faut que l'Europe ait un agenda digital, qui lui permette notamment de construire les réseaux dont elle a besoin, (et cela) suppose que l'industrie des télécoms soit forte, ce qui n'est pas le cas actuellement» a-t-il jugé, tout en se disant «optimiste».

 

«Nous avons une nouvelle Commission européenne, un nouveau commissaire au numérique, un Allemand (Günther Oettinger, ndlr), que j'ai rencontré la semaine dernière à Bruxelles, qui me semble avoir des idées très saines», a affirmé M. Richard.

 

Dans une interview donnée le 23 octobre dernier à Stratégies, Stéphane Richard avait également déclaré que les opérateurs télécoms payaient 87% des impôts, contre 1% pour les GAFA. 

 

«L'Europe cumule toutes les faiblesses qui permettent à ces grands groupes de s'y développer sans aucune difficulté. Pour Facebook, Google, Amazon, voire Apple, la première priorité pour un lancement de produit ou de service, c'est l'Europe, parce qu'ils savent que c'est là que c'est le plus facile. D'abord à cause de l'atomisation de l'industrie du transport de données: on dénombre cent opérateurs en Europe, contre deux et des broutilles aux Etats-Unis. Outre-Atlantique, quand ils lancent un service, ils sont face à AT&T et Verizon, et il n'y a pas moyen de passer outre. Chez nous, s'ils se heurtent à une porte chez Orange, ils vont chez Bouygues ou SFR. Cela, on le voit tous les jours. Ensuite à cause de la culture et de l'attitude de la Commission européenne, pour laquelle, fondamentalement, l'innovation, le progrès, le bonheur vient de l'Amérique» (Stratégies, 23/10/2014).

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