Stratégie de marque
Thomson se relance dans l’informatique, entre tablettes et PC à tours classiques. Stéphane Français, un ancien de chez Surcouf, compte capitaliser sur la puissance de la marque.

Thomson pourrait-il renaître de ses cendres, trente ans après les TO7 et autres MO5? En tous cas, une soixantaine d’appareils, entre tablettes, ordinateurs portables, PC fixes et accessoires informatiques vont être commercialisés cette année. Deux modèles sous cette marque avaient déjà été discrètement dévoilés fin 2013.



A l’origine du projet, Stéphane Français, 45 ans, qui a acquis la licence d’exploitation de la marque Thomson Computing en 2013 auprès du groupe Technicolor. Il a fait ses armes dix ans chez le distributeur nordiste de produits informatiques Surcouf. Il avait mené une première aventure entrepreneuriale avec Dexim, société d’accessoires en téléphonie, 34 millions d’euros en chiffre d’affaires en 2013, qu’il a revendue depuis.

 

L’idée: commercialiser des produits high-tech sous la marque Thomson Computing, conçus et assemblés en Asie. Pour cela, il crée en 2013 une société ad hoc, le groupe Sfit.

 

Ventes événementielles

 

A partir de mars, plusieurs produits Thomson seront progressivement commercialisés: une gamme de six tablettes en aluminium, des ordinateurs portables, des PC avec tours… et même une imprimante 3D. Il mise aussi sur ses modèles de tablettes «dual-boot», qui peuvent être allumées sous les systèmes d’exploitation Android ou sous Windows.

 

Pour faire connaître cette «renaissance», Stéphane Français a misé sur son réseau de distribution: deux ventes événementielles de produits sur Vente-privee.com en juillet puis décembre 2014, une vente de tablette en exclusivité chez les centres E.Leclerc en décembre 2013, une seconde vente de tablettes chez Carrefour en décembre 2014… Résultat, le groupe Sfit a écoulé «170 000 produits» en 2014, pour un chiffre d’affaires de 25 millions d’euros.

 

Pour son décollage cette année, «nous serons distribués chez Boulanger, C Discount, la Fnac, Amazon, Auchan, Carrefour, E. Leclerc…», énumère Stéphane Français. Côté communication, Thomson monte un partenariat avec BFM.  

 

Capital de marque

 

Pourquoi avoir choisi la marque Thomson? Stéphane Français a acquis la licence d’exploitation de la marque sur l’électronique grand public, la licence pour l’activité téléviseurs étant exploitée par le chinois TCL. De fait, Thomson est une marque commerciale appartenant à l'entreprise Thomson Video Networks mais utilisée sous licence par de nombreuses entreprises pour commercialiser des produits électroniques. En revanche, nul brevet ne figure à son actif. L’idée étant de vendre des produits plutôt d’entrée de gamme sous la marque, même si «on investit 10% de notre chiffre d’affaires en recherche-développement», souligne-t-il.

 

Il est vrai que la marque possède tout un historique: fleuron français, Thomson CSF fut devenue nationalisée en 1981, en difficultés financières, puis reprivatisée en 1998, et démantelée en 2000, entre la partie électronique reprise par Technicolor et l’activité défense par le groupe Rhalès. «En 1995, Alain Juppé, alors Premier ministre, avait dit qu’elle valait 1 franc symbolique», rappelle Stéphane Français. Symbole loin d’être anodin, son père fut salarié pendant 30 ans chez Thomson.

 

Il compte surtout capitaliser sur la vogue du patriotisme et de la relocalisation. Certains de ses produits, «d’abord les gammes PC, puis peut-être les portables», seront assemblés en France, probablement à Noisy-Le-Sec. Assemblés, mais pas fabriqués: l’entrepreneur compte tout de même communiquer opportunément sur le «Made in France». Ou comment capitaliser sur une marque déjà connue, profiter de son aura et d’une certaine nostalgie.

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