Digital manager
Impliquant les collaborateurs dans toutes les décisions de l'entreprise, Angélique Zettor, cofondatrice de Genymobile, prône un management participatif. Et le lien à distance.

C’est dans les anciens locaux de l’agence Les Gaulois, boulevard de Sébastopol à Paris, que la start-up Genymobile – spécialisée dans la personnalisation du système d’exploitation Android pour les entreprises –, a posé ses cartons il y a deux ans. Les têtes de cerf ont été remplacées par des représentations de Bugdroid, la mascotte du système d’exploitation open source. Et dans les bibliothèques du premier étage, livres et bibelots ont laissé place à une galerie de «Geny-me», des avatars attribués à chaque nouvel employé. Toute nouvelle embauche est célébrée par un paquet de bienvenue contenant mugs personnalisés, tee-shirts, etc. Tout l’esprit start-up encapsulé dans une petite boîte verte, «pour développer le sentiment d’appartenance à l’entreprise», explique Angélique Zettor, cofondatrice de Genymobile, qui avoue s’inspirer du modèle managérial de Spotify.

Angélique Zettor, 29 ans, a créé une entreprise qui entend valoriser chacun des individus y travaillant et privilégie la «ressemblance invisible et l’identité des candidats», plutôt que leurs CV. Elle dit même inspirer des grands comptes qui font appel à elle pour «discuter de notre culture, et se retrouver moins démunies face à la nouvelle génération.» Quatre ans après la création de la société dans une chambre de bonne avec son associé Arnaud Dupuis, et après une levée de fonds de deux millions d’euros en juillet dernier, les effectifs ne cessent de croître. Avec pour clients Facebook, Soundcloud, La Poste ou encore Blablacar, Geny compte déjà 50 employés et prévoit 20 embauches d’ici à la fin de l’année. 

Antimonopole

«Notre société a grossi très vite, observe la jeune dirigeante, mais nous essayons de rester fidèle à notre esprit. Les managers n’ont pas le monopole des bonnes idées, nous prônons donc le management participatif.» Jérémy Vagnet, premier employé de la société, aujourd’hui directeur technique, y voit une forme d'encouragement à s'aventurer au-delà de ses limites. «L’implication dans les décisions de l’entreprise motive même à effectuer des tâches qui ne sont pas directement dans le “scope” de notre poste», dit-il.

Florent Noël, ingénieur développeur, se sent du coup «acteur de l’entreprise». Sans horaires fixes et avec une hiérarchie légère, ce modèle se révèle selon lui assez attractif. «C’est ce qui fait que je me lève le matin. Mais il profite aux personnes entreprenantes, les habitués du management plus classique pouvant se sentir perdues

Chacun peut s’exprimer via l’outil de collaboration Slack, auquel tous les collaborateurs sont connectés. De grands écrans permettent aussi aux trois bureaux de Paris, Lyon et San Francisco, d’organiser des réunions régulières sous divers formats. Comme les «daily»: «Tous les jours, à 17h30, nous nous connectons à notre Google Hangout pour faire un tour d’horizon de ce que l’on a fait la journée. C’est important de garder le lien», confie la fondatrice qui passe son temps entre Paris et San Francisco où elle est actuellement à la recherche d’une grande maison pour pouvoir accueillir les collaborateurs qui souhaiteraient s’immerger pour un temps dans la culture américaine. «On appelle ça le Geny boarding pass, l’idée est de leur permettre de venir travailler aux Etats-Unis mais aussi de faciliter les déplacements à Lyon, deuxième bureau français de Genymobile.»

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