Innovation
Initialement né dans l’univers des start-up, le hackathon, ce «marathon» de développeurs, permet à une entreprise de faire essaimer de nouvelles idées, des services, des applis… voire de repérer des talents. Mais attention à la tentation «opération de com».

1/ Fixer ses objectifs

C’est décidé, vous organisez le vôtre. Après tout, ces dernières semaines, de vénérables groupes industriels, tels Novartis, Engie (ex-GDF-Suez), Axa, Vinci ou encore Valeo, ont organisé leur «hackathon» (contraction de «hack» et de marathon). Une sorte de marathon numérique se tenant durant des weekends entiers, où des équipes planchent pour créer un service web, une appli mobile ou encore un objet connecté. Un concept initié il y a quelques années par des start-up.

Premier impératif, bien définir ses objectifs: en général aboutir à des idées de produits ou services, destinés ou pas à être industrialisés. Par exemple, le laboratoire pharmaceutique Novartis a organisé fin mars son premier hackathon, pour «avoir des outils digitaux afin d'accompagner le patient diabétique de type 2 dans son quotidien, et rassembler des expertises sur ce sujet», résume Nicolas Le Moullec, chef de projet digital chez Novartis. D'autres comme Axa ou la RATP ont profité de l’ouverture de leurs datas pour montrer, grâce à des hackathons, les nouveaux types de services à bâtir autour de celles-ci.

Il peut aussi avoir des vertus managériales: pousser ses salariés à monter des projets, ou repérer des recrues potentielles. Criteo organise depuis quelques années des «Code of duty» pour recruter des développeurs, et Parrot ses «Game of drones» (notez la référence geek aux jeux vidéos).     

 

2/ Bien s’entourer

Une fois le projet défini, comme toujours, sachez bien vous entourer. Déjà, trouver les bons partenaires: une école d’ingénieurs, un plateforme de «crowdfunding», des start-up… Ils pourront aussi figurer dans votre jury. Pour le Hack 4 Europe, dont les résultats sont dévoilés à Bercy le 2 juillet, Agorize, spécialisée dans l’organisation de tels événements, s’est associée avec le ministère de l’Économie, l’école Epitech, «ainsi que neuf grands comptes partenaires par secteurs (objets connectés, énergie, etc) et 30 start-up. Ils sont représentés au sein du jury», précise Charles Thou, président d’Agorize.

Quant aux équipes des participants, par définition, dans un hackathon, elles reposent sur le trio développeur, designer et rédacteur, ou personne du marketing.

 

3/ Quelle gratification?

Question cruciale: que remportent les gagnants? Un lot, de l’argent? Une collaboration, une commande de l’organisateur ? Pour Télérama, qui organise son hackathon du 2 au 4 juillet pour définir des nouveaux services de prescription vidéo en ligne, «on verra ce qui ressort de ces projets, si le journal peut s’en saisir, et s’il a identifié une bonne équipe avec laquelle travailler», résume Ingrid Kandelman, consultante en ressources humaines qui travaille pour le Groupe Le Monde sur ce projet.

Mais attention à la tentation de vouloir s’offrir des prestations gratuites par ce biais –et aux contentieux possibles en matière de propriété intellectuelle. «Il y a un piège à éviter: être dans une démarche de prestataire, faire travailler des gens trois jours puis récupérer les projets derrière», poursuit-elle. Les projets présentés au hackathon Télérama seront ainsi sous licence libre Creative Commons BY-SA; licence AGPL ou Apache.

 

4/ Rester puriste

Restez fidèles, autant que possible, à l’état d’esprit initial du hackathon: un «marathon» numérique à mener sur un temps limité, en général 48 heures, et dans un même lieu physique pour tous. L’idée d’un «hackathon en ligne» étalé sur trois mois, à l’origine du Hack 4 Europe, laisse donc dubitatif. Cela risque de dévoyer le concept initial en opération événementielle sous un vernis d’innovation.

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