COP 21
Echaudées ces dernières années par des accusations de greenwashing, les entreprises ont décidé de remiser les campagnes incantatoires pour des opérations bien plus concrètes.

A un mois de l'ouverture de la COP 21 au Bourget, «les amies du climat», comme les appelle Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères – à savoir les entreprises partenaires de l'événement – sont au nombre de quarante-deux (1). Ces grandes entreprises, internationales pour la plupart, devraient couvrir 20% du coût total de la conférence, estimé à 187 millions d’euros.

«La contribution [financière et/ou en nature] est à la discrétion des entreprises. Il n’y a pas de plancher, ni surtout de plafond, et chacun, quelle que que soit sa taille, peut devenir mécène», assurait en mai dernier Pierre-Henri Guignard, le secrétaire général chargé de l’organisation de la COP 21. Le groupe Caisse des dépôts, par exemple, assurera une partie du financement et de la compensation carbone, Renault Nissan mettra à disposition un service de navettes avec 200 véhicules électriques et le groupe Derichebourg sera chargé du nettoyage du site du Bourget.

Les entreprises ont été retenues pour «leur volonté d’être exemplaires et de s’engager à long terme sur le climat», assure les organisateurs. Ce qui n'est pas l'avis de quelques associations, emmenées par Les Amis de la Terre et Attac France, montrant du doigt plusieurs partenaires, dont EDF, Engie et Renault Nissan, jugés pas très «climato-compatibles». L'électricien français a d'ailleurs été épinglé, le 14 octobre dernier, par le Jury de déontologie publicitaire (JDP), saisi par l’association France Nature Environnement, pour des annonces publiées cet été et montrant un barrage hydraulique et des éoliennes en mer avec ce texte: «EDF, partenaire officiel d’un monde bas carbone», susceptible d'«induire le public en erreur sur la réalité écologique [de ses] actions», selon le JDP.  

Echange avec le public

Dans un tel contexte, les entreprises restent très prudentes craignant d'être accusées de greenwashing. Lessiviers et constructeurs automobiles sont d'ailleurs quasiment absents de l'événement, la campagne Le Chat Eco Efficacité épinglée en 2009 lors de la COP à Copenhague et, tout récemment, l'affaire Volkswagen ont laissé des traces. «La plupart des entreprises ont adopté un profil bas. Elles ont mobilisé des budgets, mais ne savent pas trop comment les utiliser», constate Yonnel Poivre-Le Lohé, consultant en communication responsable.

Hormis quelques rares engagements forts, comme L'Oréal et son plan «Carbon balanced 2020» annoncé début octobre, la tendance est plutôt à jouer la carte de l'échange en allant à la rencontre du public, comme la SNCF avec son Train du climat, qui a fait étape dans 18 villes au mois d'octobre, ou Generali, qui a créé un site sur l'environnement. D'autres, tels Ben & Jerry's, Orange, Maif, Schneider Electric ou Le Bon Coin ont choisi d'échanger sur Place to be, un lieu alternatif de production de contenus autour de l'environnement ouvert aux journalistes, blogueurs et artistes, et installé à la gare du Nord à Paris.

«Acheter de l'espace publicitaire pour dire qu'on est vert n'est plus dans l'air du temps. L'idée est plutôt d'accompagner le public pour changer les choses au quotidien», estime Laurent Terrisse, président de l'agence Limite. «Aujourd'hui, une prise de parole n'est crédible qu'accompagnée d'un label délivré par un tiers de confiance», ajoute Alexandre Pasche, fondateur d'Eco & Co. Le discours par la preuve! 

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