Luxe
Speaker d’ouverture du tout nouveau Salon du luxe à Paris, Jean-Claude Biver, président de la division montres de LVMH, est revenu sur la nécessité d’innover en confiant ses recettes. Dynamisant.

«C’est le premier salon sur le luxe où l’on va parler français», se félicite Jean-Claude Biver, PDG de Tag Heuer et président de la division montres du groupe LVMH. Forte voix, charisme à la hauteur de sa carrure, l’homme d’affaires suisse séduit d’emblée l’auditoire par sa passion teintée de convictions. Nous sommes à Paris, le 9 juillet 2005, à la Maison de la Chimie. Le thème du salon – l’innovation – lui va comme un gant : en 2014, ce marketeur hors pair a repêché, avec succès, la marque Hublot, reprise à l’agonie en 2008, pour en faire une griffe horlogère approchant les 500 millions d’euros de chiffres d’affaires. «Sans tradition, pas de futur. Mais sans innovation, pas d’avenir non plus, prévient-il. Le danger du luxe, c’est de rester au musée. Il faut connaître la tradition, la respecter mais aussi l’interpréter.»

Ses maîtres mots : premier, différent et unique. «Ils dictent chacune de mes décisions. C’est une obsession, confie-t-il. Quand quelqu’un me présente un projet, je lui tends un quart de page A4 avec trois cases à cocher : premier, différent, unique.» C’est ainsi que la marque Hublot, pour gagner en notoriété, n’a pas hésité à innover en misant sur le football, un sport jugé jusque-là trop populaire, vulgaire, voire raciste, par le secteur du luxe. «Il faut aussi savoir ne rien lâcher, persévérer», assure-t-il avant de poursuivre : «Nous avons mis 50 kg d’or à disposition de la recherche pour inventer le premier alliage 18 carats qui ne se raye pas. Cela nous a pris cinq ans mais nous y sommes arrivés !» De l’or inrayable pour des produits… premiers, différents et uniques.

Au fil de son intervention, Jean-Claude Biver est revenu sur une autre conviction : la créativité n’est l’apanage de personne. «C’est un état d’esprit qui doit être partagé et porté par tous les employés d’une entreprise, du top management à la réceptionniste. Nous ne sommes rien tout seul», lance-t-il, fustigeant l’image d’Epinal du créateur unique et tout-puissant. Va-t-il maintenant, dans la foulée d’Apple, se lancer dans les montres connectées ? «Pour moi, le luxe est empreint d’éternité. Il ne se jette pas. Il dure. La question est donc de savoir si une montre connectée peut durer. Or nous allons bientôt lancer avec Google et Intel la première montre connectée éternelle qui marchera encore dans 1000 ans…» Et d’ajouter : «Nous sommes à l’ère de l’innovation, du collaboratif, du partage et de la protection de l’environnement. Il faut avoir la mentalité de ce siècle.»

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