Digital manager
Marie Cheval, brillante inspectrice des finances et fan de Johnny Hallyday, est la patronne de Boursorama. Elle veut «donner envie d’avoir envie» de souscrire à un compte en ligne.

Depuis peu, elle n’est plus PDG mais directrice générale de Boursorama. Marie Cheval, 41 ans, a été l’une des dernières à appliquer les dispositions imposées en 2014 par le régulateur des banques, séparant direction générale et présidence du conseil d’administration. «Je préfère dire CEO», glisse-t-elle.

 

Il est vrai que Boursorama est d’abord et avant tout une banque en ligne. La Bourse et le site aux 30 millions de visiteurs uniques ne représentent plus que 30% et 10% de ses revenus. Avec 750 000 clients, soit une progression de 25% en 2015, c’est donc majoritairement sur l’activité bancaire que Boursorama se développe. Objectif: 2 millions de clients en 2020. Son modèle low cost au plus bas montant de frais bancaire a obtenu 92% de recommandation selon le BCG.


Mi-décembre, la dirigeante a annoncé un partenariat avec Blablacar. Il lui faut convaincre une bonne partie des 7 millions de membres du service de covoiturage d’ouvrir un compte à Boursorama avec un abondement de 50 euros. Mieux, 15 euros sont à déduire sur dix trajets pendant deux ans en cas de souscription à une carte bancaire ou un compte Livret. «Une source d'économies supplémentaires pour nos membres», reconnaît Frédéric Mazzella, le fondateur de Blablacar.

Grand appétit

Ce 8 décembre, au sortir de sa conférence annonçant ce partenariat, Marie Cheval a grand appétit: elle commande une pizza, histoire de trouver des forces avant la grande convention annuelle qui réunit ses 650 salariés, deux jours plus tard. «On va leur donner la pêche pendant deux heures et les saouler avec la stratégie: on sait qu’on a le bon modèle et qu’il faut maintenant pousser à fond, j’adore Johnny et L’Envie d’avoir envie», confie la brillante inspectrice des finances, par ailleurs membre du conseil de surveillance de Laurent Perier. Fille de viticulteurs de champagne d’Ay, l’énarque, passée par la direction des opérations de la Banque postale, où elle manageait 15 000 personnes, a gardé un sens très terrien du business et du management. «Je manage comme je suis, avec une stratégie claire et le souci de la faire comprendre aux équipes, en ayant le même discours pour les salariés que pour le conseil d’administration.»


A son arrivée, en 2013, après deux années passées au sein de la Société générale, à la direction des paiements, Marie Cheval a une solide expérience de la Banque postale, où elle a occupé la direction marketing et commerciale puis chapeauté les opérations. 15 000 salariés? «C’est plus facile à diriger qu’une vingtaine de cadres en râteau», confie celle qui se souvient de son expérience de directrice de la stratégie de La Poste. Sachant bien déléguer et peu jalouse de son pouvoir, la patronne estime que son rôle est de trancher: «Mieux vaut une mauvaise décision que pas de décision», dit-elle, sensible aux nouvelles idées, y compris à la Cafet. En pleine ubérisation des banques, celle qui confie le redesign de son site à un DA tous les ans sait qu’il lui faut être agile pour continuer à croître.


Outre le lancement de deux offres, sur l’assurance et pour les professions libérales, son grand enjeu de 2016 est d’accroître la notoriété de Boursorama. Bénéficiant d’une grande autonomie par rapport à sa maison mère, la Société générale, le site va faire passer ses investissements dans les médias cette année de 10 à 15 millions d’euros. En août, les salariés rejoindront un nouveau siège à Boulogne face à l’Ile Seguin. «Il y a de la place pour mille personnes», note-t-elle.

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