Diagnostic
La marque de thon en conserve a une nouvelle fois été mise en cause par Greenpeace sur sa technique de pêche.

La crise est arrivée à la vitesse d’un cheval au galop pour Petit Navire. Après avoir déjà attaqué la marque en 2014, Greenpeace vient de lancer un autre hameçon vers la marque au bateau à voiles, lors de sa campagne «Océans». Le bateau Esperanza, le plus grand de la flotte de Greenpeace, a sillonné les mers à la recherche des pêcheurs de thon de Thai Union, le propriétaire de la marque de conserves. L’association met en cause la technique de pêche dite DCP («dispositif de concentration de poissons»), qui mettrait à mal d’autres espèces et surexploiterait les océans. Mi-mai, elle diffuse des images virulentes des pêcheurs. Le 23 mai, des activistes bloquent l’usine de production à Douarnenez, dans le Finistère, et repeignent la façade en ajoutant du sang sous le logo de la marque. Les membres de l’association ont aussi investi les grandes surfaces en retirant les boîtes de thon des rayons et sensibilisent le public sur les plages ou dans la rue. La question fait écho à la crise qu’avait subie Intermarché sur la pêche en eau profonde. En parallèle, Petit Navire se fend d’un communiqué condamnant les pratiques de Thai Union et lui demande de les changer. Tout en affirmant que la technique DCP, « utilisée de manière raisonnable et responsable, est une technique qui peut être vertueuse ». Et persiste donc, sur le fond. 

 

Téa de Peslouan, directrice générale adjointe chez Burson-Marsteller I & E

«La marque Petit Navire est bien dans une posture d’écoute. Mais elle ne doit pas laisser entendre qu’elle agit sous pression et dans la précipitation. Sa réponse doit s’inscrire dans une démarche de progrès de long terme, mûrement réfléchie. Sur un sujet structurant comme celui-là, elle doit montrer qu’elle l’avait anticipé –en restant sincère, évidemment. Il est nécessaire de rééquilibrer la communication alors que les activistes sont hyper-présents et donnent le ton. Il faut répondre, apporter son point de vue. C’est important de montrer qu’on est présent et qu’on s’interroge. Le fait que ce soit une autre entreprise de pêche qui soit mise en cause ne change rien. C’est la marque qui est responsable. Elle est attaquée, elle doit se faire entendre.»

 

Cyrille Arcamone, associé fondateur de l’agence MAARC

«Dans la situation, ce qui surprend, c’est à quel point Petit Navire est seule à défendre sa position! On trouve très peu, voire aucune documentation quant au bien-fondé réel de cette technique de pêche. Elle n’a ainsi que très peu d’arguments à mettre en avant, autre que les siens. Il faut qu’elle s’entoure d’experts tiers, de rapports qui pourraient soutenir sa position. On peut s’étonner qu’elle n’en ait pas déjà sous la main! Face à la puissance de feu de Greenpeace, elle n’a pas de quoi éclairer l’opinion publique. Toute sa communication a des risques d'être inaudible. Et les gens se poseront légitimement des questions si elle ne change pas son fusil d'épaule…»

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