Communication
Exclusion d’une partie de la délégation russe, problèmes de dopage, trafic de tickets d’entrée, stade à moitié plein, financement opaque des Jeux paralympiques… le comité d’organisation des Jeux de Rio est confronté à une communication de crise.

A quelques centaines de mètres de là, dans les enceintes du Parc olympique, les athlètes du monde entier se disputent les médailles olympiques. Ici, à l’intérieur de la salle Samba ultra-climatisée du Main Press Center de Rio 2016, c’est une toute autre compétition qui s’y joue. Tous les jours, à 11 heures précises, les deux directeurs de la communication du Comité international olympique (CIO), Mark Adam, et du comité d’organisation des Jeux de Rio, Mario Andrada, répondent aux questions de la presse internationale. Un exercice de haut vol, tant les sujets polémiques se multiplient pour le duo.

 

Rien n’a été épargné aux deux communicants depuis l’ouverture des Jeux, et même un peu avant. Il y a d’abord eu les problèmes économiques au Brésil, la suspension, en mai, de la présidente Dilma Rousseff, menacée de destitution, l’éviction, votée par les membres du CIO, d’une partie des athlètes russes pour des soupçons de dopage, quelques jours avant l’ouverture. Ont suivis d’autres affaires de dopage lors des olympiades précédentes, la qualité de l’eau de la baie où se déroulent les épreuves de voile, le réseau de transport officiel aux horaires aléatoires, les sifflets dans les stades…

 

Bousculés, Mark Adams et Mario Andrada, installés derrière une immense tribune, ne se dérobent jamais aux questions. Ils y répondent diplomatiquement… et souvent à côté. Une leçon de langue de bois. Mercredi 17 août, c’est un honorable membre du CIO, l’irlandais Patrick Hickey, qui est arrêté par la police brésilienne. Le patron des comités olympiques européens est soupçonné de trafic illégal de tickets d’entrée ! La fraude porterait sur un millier de billets.

 

Menace sur les Paralympiques

 

«Tant que la personne n’est pas reconnue coupable, nous la présumons innocente !», commente seulement Mark Adams pressé par les questions à ce sujet. «Nous nous sommes assurés que le problème de fraude rencontré lors de la Coupe du monde en 2014 ne se répète pas», assure Mario Andrada, en confiant, un  peu plus tard, que «le contrôle électronique de billets n’avait pas été réalisé dans certains sites». Pas très rassurant !

 

A force de langue de bois, le discours des organisateurs de Rio 2016 s’opacifie. Ainsi, pour tenter d’expliquer des stades à moitié vide, Mario Andrada évoque trois pistes : «Des enceintes trop grandes, des gens qui ont acheté leur billet mais ne viennent pas, et des spectateurs qui sont allés se chercher une bière au moment où les journalistes s’intéressaient au taux d’occupation !». Pourquoi pas.

 

Une opacité dans les comptes

 

Très sérieusement, le patron de la communication des Jeux de Rio 2016 avoue que ces stades «à moitié pleins» sont une préoccupation pour eux et qu’ils «travaillent pour savoir pourquoi le public ne vient pas». Les organisateurs brésiliens ont encore jusqu’à dimanche 21, soit quatre jours, pour trouver la réponse… et vendre les 400 000 places qui leur restaient dans les mains.

 

Le problème est encore plus immense pour les Jeux paralympiques. Ils débutent à Rio le 7 septembre et seulement 12% des places ont été vendus. Pire, le comité d’organisation est accusé par les médias d’avoir pioché dans la caisse des Paralympiques pour financer les Olympiques. Mario Andrada reconnait le problème de financement du prochain événement. «A cause de sponsors qui ne sont pas venus», affirme-t-il en précisant que l’Etat brésilien doit débloquer plus de 40 millions d’euros (150 millions de reals) pour, notamment, payer le voyage à plusieurs dizaines de délégations !

 

La somme n’est toutefois pas encore dans les caisses du comité d’organisation de Rio 2016 : une juge a bloqué ce versement en raison… de l’opacité des comptes du comité. A Rio, il n’y a donc pas que la communication qui ne soit pas très claire.

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