Audiovisuel
Souvent ignoré, le patrimoine archivistique des entreprises possède pourtant de nombreux atouts. Le mois dernier, un événement organisé par l’INA et Stratégies a permis de faire le point sur ses possibilités de valorisation et les conditions d’une bonne exploitation.

Le 8 décembre dernier, l’événement «Construire son patrimoine audiovisuel de marque» réunissait entreprises, agences et prestataires du secteur pour débattre de l’utilité de la préservation archivistique. «Quand les marques doivent animer un grand nombre de canaux, ces contenus deviennent stratégiques. Ils assoient un caractère statutaire, développent la confiance et s’inscrivent dans la tendance du vintage, comme sur Facebook par exemple, ou un contenu historique génère une interaction de 20% supérieure», rappelait Loïc Chauveau, président de l’agence de publicité Brandstation. Mais les fonds documentaires étant encore considérés comme des postes de coût, peu d’entreprises franchissent  le pas. «La prise de conscience n’est pas encore là, les mentalités doivent évoluer», a rappelé Anne de Kinkelin, responsable du Parisien TV, offre d’information née il y a deux ans pour répondre aux besoins des internautes.

Pour les pionniers, le chantier est de taille. Il faut d’abord maîtriser un inventaire de plus en plus large, qui prend même en compte les flux smartphones. Thomas Larzillière, fondateur de Keepeek, société spécialisée dans la gestion des ressources numériques, les considèrent comme stratégiques: «Bruts mais authentiques, ils ont une réelle valeur. La question de leur gestion est un vrai sujet.» S’opère ensuite le choix des contenus à sauvegarder, exigeant généralement un dialogue optimal entre services marketing et DSI, aux visions pourtant souvent différentes. Ces décisions ne sont pas anodines puisqu’elles actent le renoncement à des documents qui ne pourront plus être lus dans le futur. Plus étonnant, elles n’ont pas non plus de caractère définitif, la pérennité des fichiers digitaux ne pouvant toujours pas être garantie. Le fonds devra être mis à jour régulièrement en fonction des nouvelles technologies.

Créer un droit éternel

Vient enfin l’appréhension des sujets complexes du droit et de la technique. Le premier, qui oblige souvent les marques à renoncer à l’exploitation de leurs contenus en raison des coûts prohibitifs, doit faire désormais l’objet d’une négociation préalable systématique, avec de nouveaux systèmes de rétribution qui intègrent le caractère dormant de l’archive. Loïc Chauveau va lui plus loin en prônant la création d’un droit d’archive éternel, pour réactualiser des textes législatifs jugés obsolètes sur leur critères de territorialité et d’émetteur. Le stockage, «froid» ou «chaud» en fonction des besoins d’accessibilité, s’il arrive en bout de chaîne, n’en reste pas moins fondamental. «Quelle que soit la qualité des archives, rien n’est possible si la technique ne suit pas», rappelle Anne de Kinkelin.

Pour créer l’électrochoc, Priscille Mahé, responsable du service expertise et conseil de l’INA, rappelle qu’il faut souvent un premier chantier pilote dont le succès convainc: «Les budgets étant à la baisse, anniversaires, déménagement, fusion permettent d’obtenir des fonds pour continuer.» Mais au bout de l’aventure, la stratégie est le plus souvent gagnante. Angelo Castillo, responsable multimédia de l’Unesco, en témoigne: «Notre premier travail vidéo de valorisation a motivé beaucoup de partenaires pour préserver leur patrimoine. Quand c’est bien fait, ça marche!»

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