Fintech
Ce n’est pas parce que les entrepreneurs de la banque ont le nez dans la finance qu’ils ont les fonds pour communiquer… Place au système D.

Les banques le savent. Pour rester présentes à l'esprit de leurs clients afin qu’ils continuent de placer leurs euros chez elles, il ne faut pas lésiner sur le budget publicitaire. Campagnes TV gigantesques, jingles radio entêtants voire assommants, tout est fait pour qu’on ne les oublie jamais. Mais tout cela suppose de grosses dépenses. Alors comment se font connaître les entrepreneurs de la Fintech qui doivent à la fois évangéliser, convaincre et rassurer, le tout avec peu ou pas de budget? Voici trois exemples de campagnes à coût zéro mais bénéfice maximum ! Notons que si aucune de ces start-up n’a contacté d’agence, c’est également pour d’autres raisons: «Budgets opaques, perte de visibilité, manque de maîtrise du message à faire passer…»

 

Qonto

Qonto est un nouveau modèle de banque pour les PME, construite sur le constat d’un vrai manque de la part des services actuels. Alors qu’il doit sortir dans quelques semaines, il fait déjà parler de lui. Comme toute start-up de la Fintech, Qonto a eu besoin de faire appel à des capitaux extérieurs afin de financer son développement. Dans cette quête, les cofondateurs ont séduit le français Alven Capital et Valar Ventures, le fonds d’investissement de Peter Thiel... Peter Thiel? C’est l’un des hommes à l’origine de Pay Pal! Avec, entre autres, Elon Musk. Pour Alexandre Prot, à la tête de Qonto, c’est le coup double: des capitaux (1,6 million d’euro au total) et un formidable coup de communication. L’entrepreneur, se félicite aujourd’hui du soutien inattendu de Valar Ventures, «reconnu mondialement pour son expertise Fintech». «Ils nous apportent leur connaissance de l'industrie financière. Leur investissement dans Qonto est également un label de qualité, très utile pour nous faire connaître.» Grâce au choix malin d’un investisseur expert, qui pour la première fois investit sur le territoire français, la start-up s’offre ainsi une campagne de communication gratuite et pérenne, avant même son lancement.

 

Fintech Circle

Il ne faut pas longtemps pour être subjugué par Susanne Chishti. Cette Autrichienne, Britannique de cœur, a quitté une carrière établie et reconnue dans la banque (Deutsche Bank, Lloyds…) pour créer sa start-up en 2014: Fintech Circle. Installée dans la Silicon Valley pour un MBA, elle assiste à l’avènement des géants du web. Il y a près de vingt ans. En quelques mois, Fintech Circle devient le premier réseau de business angels européen. Elle met à profit ses connaissances du métier et son expérience d’enseignante pour «crowd-écrire» (écrire à plusieurs) un livre dédié à son secteur: The Fintech Book. Elle raconte: «Bien que nous eussions un budget marketing de 0 euro, le livre est devenu un best-seller, ce qui a confirmé l'intérêt d’un public large pour le sujet de la Fintech.» Du livre naîtra un Fintech tour pour le présenter, permettant à Susanne de toucher un nouveau public. De quoi lui faire découvrir la Fintech, l’inviter à connaître sa start-up et élargir ainsi sa base de clients. Susanne Chishti souligne que lorsqu’elle a lancé Fintech Circle, son souhait était «de créer une communauté globale d’entrepreneurs, investisseurs et leaders, dont le but est de définir la finance de demain.» «Plus facile à dire qu’à faire, dit-elle, car les financiers sont rarement des geeks. Il aura fallu la sortie du livre pour les familiariser à ce secteur.»

 

Pumpkin

Après avoir engrangé plusieurs expériences à l’international durant leurs études de commerce, Hugo Sallé de Chou et Constantin Wolfrom ont l’idée de créer Pumpkin. Le concept est simple: fluidifier les échanges d’argent. «Les 10 euros que je te dois pour la tournée au bar de la semaine dernière, je te les rembourse en un clic avec mon smartphone.» Plus de petites dettes, plus de conflits. Le cœur de cible: les étudiants. Pour se faire connaître à moindre frais, la start-up a un plan: un marketing ultra-local et basé sur la viralité. Et quoi de mieux que la vidéo pour ça? Constantin Wolfrom décide alors de se mettre en scène dans une vidéo-trottoir dans laquelle il interpelle des passants. Voilà le défi qu’il leur lance: «Comment s’envoyer 10 euros le plus facilement possible, et à au moins 10 pas de distance?» Billets ou pièces à la main, les interviewés redoublent de stratégies pour se lancer le butin… Le cofondateur raconte qu’au début, les passants étaient un peu méfiants, puis petit à petit, du monde s'est accumulé, chacun voulant relever le défi. À la fin de la vidéo, on retrouve Constantin présentant un moyen plus simple de s’envoyer de l’argent: Pumpkin. D’après l’entrepreneur, cette initiative «a considérablement facilité l'évangélisation de Pumpkin, et notre image de marque, assez jeune et proche de nos utilisateurs».

A propos de Céline Lazorthes

Céline Lazorthes a créé la cagnotte en ligne Leetchi.com en 2009, après avoir obtenu un master digital business à HEC (2008) et un autre en gestion de projet à l'Institut internet et multimédia (2007). Elle travaille en parallèle pour DDB sur le budget ING Direct (2004). Leetchi a levé 7,85 millions d’euros au total, avant d’être cédé à 86% (50 millions d’euros) au groupe bancaire Crédit mutuel Arkéa fin 2015. En 2013, Céline Lazorthes a aussi créé Mangopay, une solution de paiement sur internet pour les acteurs de l’économie collaborative.



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