Dossier Lobbying
Pour arriver à influencer la rédaction d'un texte de loi, il faut souvent que toutes les étoiles soient alignées. Déroulé de la séquence en cinq points.

1. Cartographier les parties prenantes.

C'est le travail préalable à tout dossier de lobbying, qui commence avant même l'actualité législative. Le rôle de l'agence-conseil est d'identifier les différents acteurs présents sur un sujet. Chacun a son langage. «On distingue les alliés, les inconvertibles, les indifférents, les détracteurs, les indécis, etc.», énumère Julie Espalioux, associée fondatrice de Babel. «Il y a ceux qui seront toujours contre, les neutres ouverts aux différents arguments, les plus sympathiques à la cause», selon Nicolas Ruzskowski, de Publicis Consultants. «L'objectif est qu'un sujet soit relayé par les cent personnes qui comptent dans son environnement institutionnel», précise Capucine Fandre, la présidente de Séance publique.

2. Faire de la veille.

Corollaire du point précédent, les cabinets passent du temps à enquêter sur les parties prenantes. «On peut parler d'intelligence économique, témoigne Érick Roux de Bézieux, de Thomas Marko & Associés. Nous sommes à l'écoute des médias, des réseaux sociaux, nous anticipons la montée en puissance de mots clés. Nous étudions même le “dark web”, ces communications sensibles qui échappent aux radars.»

3. Travailler ses dossiers.

Le lobbying n'est pas un métier de communication comme un autre, il faut aussi connaître ses dossiers, parfois très techniques (droit fiscal, de l'environnement…).  Anciens collaborateurs parlementaires, diplômés de Sciences Po, juristes, les lobbyistes connaissent le processus législatif sur le bout des doigts et rédigent des kilomètres de notes, comme les conseillers ministériels.

4. Avoir une stratégie à trois bandes.

B to C to B: le lobbying ressemble souvent à du billard à trois bandes. «Faire parler vos parties prenantes en votre nom est très efficace. C'est ce qu'on appelle chez nous la “corporate advocacy”», explique Éric Giuily, président de Clai. En 2013, la Fondation 30 millions d'amis a mobilisé vingt-quatre intellectuels (Edgar Morin, Boris Cyrulnik, Hubert Reeves…) signataires d'un manifeste en faveur d'un changement du statut juridique de l'animal. Un appel très médiatisé qui a abouti à la reconnaissance des animaux comme êtres sensibles dans le Code civil.

5. Trouver la bonne fenêtre législative.

Ou le bon «véhicule législatif», comme l'explique encore Véronique Ferjou, directrice générale adjointe d'Apco Worldwide Paris: «Des propositions de loi, il y en a plein les placards, encore faut-il qu'elles soient mises à l'ordre du jour.» Dans le cas de la Fondation 30 millions d'amis, l'agence a profité du projet de loi de modification du Code civil.

 

 

A lire le blog, Lobbyiste.org, animé par le cabinet Boury Tallon & Associés.

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