Banque
En menant une consultation pour sa nouvelle plateforme, la Banque publique d’investissement n’imaginait pas mettre le feu aux poudres.

Une semaine après, la tension n’est pas retombée. Le 31 mai, la Banque publique d’investissement (BPI France) réunit dans son auditorium les agences présélectionnées dans le cadre de sa consultation. L’organe de l’État dédié au financement des start-up a mis en compétition l’ensemble de sa plateforme de communication, divisée en quatre lots: création publicitaire, communication corporate, marketing digital et achat média digital. Côté BPI, tout se déroule comme prévu, et conformément à la consultation déjà menée en 2015, qui avait permis de confier ces budgets respectifs à Havas Paris, Equancy, Play App et Agence 79.

Côté agences, c’est une autre histoire… «Trop d’agences consultées, budgets non communiqués, absence de rémunération des agences en compétition», Grégory Pascal, président de l'association des agences-conseil en communication Digital (AACC Digital), liste les trois principaux griefs à l’encontre de la BPI. Un communiqué de presse commun avec l’AACC devait être diffusé le 7 juin. «Tout le monde est très remonté, nous avons demandé à rencontrer la direction générale des achats», ajoute le représentant. L’association, qui représente quelque 200 agences et milite entre autres pour une amélioration des conditions des appels d’offres avec sa charte «La belle compétition», considère cette consultation organisée par la BPI comme la goutte d’eau…

Pas d’indemnisation

Ce qui coince en particulier: l’absence de rémunération, là où les agences répondant à un appel d’offres sont le plus souvent indemnisées. «C’est devenu normal de travailler gratuitement, mais qui travaille gratuitement aujourd’hui?» tempête Grégory Pascal, pour qui cette démarche dénote «une totale méconnaissance des enjeux économiques». La réaction n’est pas comprise à la BPI. «Aucune rémunération n'était non plus proposée en 2015 et personne ne s’en était plaint», défend Jean-Pierre Dupasquier, directeur digital, médias, événements et animation réseau communication de l'établissement public. «Comme évoqué pendant le brief, notre budget est frugal et on l’utilise selon nous à bon escient. Si c’est un point bloquant pour les agences, on le comprendra, mais on ne rémunérera pas», insiste-t-il. Sur le nombre d’agences consultées, Sandrine Plasseraud, vice-présidente de l’AACC Digital et présente au brief, indique avoir ressenti la tension dans l’air, si bien qu’«une vingtaine de personnes ont quitté les lieux avant la fin».

Divergence de vues

Sur 140 personnes présentes, 24 agences étaient présentes (au moins six par lot) selon la BPI, qui précise qu’il s’agit d’une consultation privée, car elle est démunie du pouvoir adjudicateur. Sur le budget, les deux camps se renvoient la balle. «Sans budget, c’est impossible de dimensionner nos efforts, surtout avec un gros client comme la BPI», déplore Grégory Pascal. La banque elle, estime que la facturation en jour/homme donne une idée suffisante des dépenses. Et puis, sans chiffre, cela «évite de pénaliser les petites agences», seul l’achat média digital de 1,5 million d’euros hors taxes a été donné. Un point au moins sur lequel les deux parties tombent d’accord: les trois mois laissés aux agences pour travailler. Pour l’instant, trois agences ont décidé de prendre part à la compétition. La copie est attendue le 4 septembre. L’AACC Digital, elle, demande l’arrêt de la consultation.

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.