Spécial digital

MEDIAS
Auféminin.com, éditorial et «social»
Créer un site dédié aux femmes: une idée de génie? Pas vraiment, selon Marie-Laure Sauty de Chalon, PDG d'Auféminin.com. Pour elle, «le plus intéressant, c'est la manière dont ce projet a été exécuté, en s'appuyant sur une plate-forme technique exceptionnelle, en jouant l'international dès le départ, et en mêlant un site éditorial et un réseau social». Lancé en 1999, le site féminin s'avère rentable au bout d'un an. «Contrairement aux autres sites qui visaient des segments précis, Auféminin a tout de suite été généraliste, il cible toutes les femmes, et responsable, en protégeant la vie privée de ses membres grâce à des pseudos et en supprimant les posts litigieux sous 24 heures», explique la PDG. Pionnier des réseaux sociaux sur le Web (on parlait à l'époque de communautés), Auféminin continue de croître de 30% par an, malgré le succès de Facebook. «Facebook est comme un barbecue, c'est un lieu où l'on se réunit et où l'on s'expose. Auféminin, c'est plutôt la chambre, le lieu de l'intimité», compare Marie-Laure Sauty de Chalon. En 2007, le groupe de presse allemand Axel Springer (Bild, Die Welt) rachète le site, qui affiche en 2011 45,7 millions de visiteurs uniques par mois dans 12 pays (Comscore, novembre 2011) et 14,8 millions en France (Nielsen, novembre 2011). Le groupe, coté en Bourse, s'est diversifié en rachetant SmartAd Server, un ad exchange, et en se déployant sur tous les supports numériques: Web, smartphones, tablettes, TV connectée. «L'enjeu désormais, c'est la fidélisation» estime la PDG, qui dit préparer «une grosse initiative sur Twitter».

 

FINANCE
Boursorama, toujours plus en ligne
Dès 1995, Société générale fait de la banque en ligne sur Minitel avec Fimatex, introduite en Bourse en 2000. En 2002, Fimatex acquiert le portail d'informations financières Boursorama et adopte ce nom. Ses trois activités principales sont la banque en ligne (46 % du produit net bancaire), le courtage en ligne (45%) et l'information financière sur Internet (9%). La filiale de Société générale s'offre ensuite le courtier en ligne Selftrade, et la banque espagnole Caixa Banque devient le second actionnaire avec 21% des parts. «Nous sommes une banque purement digitale, qui couvre tous les besoins des clients, y compris l'épargne», détaille Inès Mercereau, son PDG, qui met en avant des tarifs attractifs et le refus de se doter d'un réseau de distribution physique. «Dès cette année, nous allons revendre les 55 agences de Caixa en France. Nous voulons rester un pure player», affirme-t-elle. La clientèle de Boursorama est sur Internet, et c'est sur le Web que le leader de la banque en ligne – ING Direct a plus de clients, mais son modèle est différent. Par exemple, elle ne propose pas de crédits immobiliers comme Boursorama – continue d'investir, pour améliorer la sécurité et développer des outils mobiles. Par exemple, une appli va permettre aux titulaires de compte de signer et d'envoyer un chèque en ligne ou d'augmenter le plafond de leur carte bleue depuis leur smartphone. Présente au Royaume-Uni (Selftrade), en Allemagne (On Vista) et en Espagne (Self Bank), Boursorama bénéficie selon sa dirigeante de cinq fois plus de recommandations de la part de ses clients que les autres banques en ligne. «Nous sommes des banquiers heureux avec des clients heureux», se félicite Inès Mercereau.

 

OPTIQUE
Direct Optique, les lunettes ne se cachent plus sur le Net

«Quand nous avons fondé Direct Optic en 2008 avec Karim Khouider, tout le monde nous a pris pour des fous», raconte Emmanuel Gréau, cofondateur et président. Les deux compères sont alors en VIE (volontariat international en entreprise) pour Faurecia en Corée du Sud. Un pays dans lequel les lunettes se vendent en ligne pour quatre à cinq fois moins cher que dans les boutiques. L'envie de créer leur entreprise démange le jeune contrôleur de gestion et son ami ingénieur. Ce sera Direct Optic, un site marchand d'optique créé avec leurs 6 000 euros d'économies. Pas de stock, un approvisionnement en flux tendu et un objectif modeste de 1 à 3 paires vendues par jour: le concept s'avère très vite un succès. «En France, il nous fallait un point de vente avec un opticien pour être agréé par la Sécurité sociale. Nous avons donc ouvert une boutique près de Nantes, puis trois autres à Paris, Marseille et Bordeaux», explique Emmanuel Gréau. Un an plus tard, ils sont 30 employés, dont 12 opticiens, à faire tourner l'entreprise devenue «click and mortar». Karim Khouider s'occupe du sourcing et de l'atelier de montage en Corée, pendant qu'Emmanuel Gréau gère la logistique depuis Nantes. Deux ans après sa création, Direct Optic fait 1 million d'euros de chiffre d'affaires. En décembre 2011, c'est la première campagne de publicité à la télévision pour faire connaître ce concept au grand public. La vente de lunettes en ligne reste une niche, avec moins de 1% d'un marché de l'optique évalué à 5 milliards d'euros. «Nous visons 5 % à terme et un chiffre d'affaires de 10 millions d'euros en 2015», détaille le jeune entrepreneur, qui fêtera ses 30 ans cette année.

 

EQUIPEMENT DE LA MAISON
Matelsom, la jeune pousse qui a racheté la Camif

En 1993, Emery Jacquillat, à l'époque jeune diplômé HEC, découvre à New York Dial-A-Mattress, une société qui vend des matelas par téléphone. De retour en France deux ans plus tard, il crée Matelsom sur le même modèle, et lui ajoute le canal Internet avec www.matelsom.com, «premier site marchand de literie au monde» selon son créateur. L'Internet est alors balbutiant: «Nous saisissions les commandes à la main», se souvient le fondateur du Groupe Matelsom. En 2000, la moitié du chiffre d'affaires est réalisée sur le Web, l'autre moitié par téléphone. Mais la bulle Internet enfle avant d'exploser. «Nous étions très malheureux, car les gens dépensaient énormément d'argent pour n'importe quoi», raconte-t-il. Mais l'entreprise résiste à ces turbulences, et le modèle purement online de Matelsom commence à démontrer son efficacité dans les années 2004-2005, avec l'arrivée du haut débit et le démarrage réel du e-commerce. «Les pure players commençaient en général avec des produits bon marché et peu implicants. Nous, c'était tout le contraire. Les matelas sont la dernière catégorie d'objets qu'on envisage d'acheter en ligne», analyse Emery Jacquillat. Et pourtant, ça marche: le chiffre d'affaires du pure player a été multiplié par dix en dix ans. La literie (matelas, oreillers, couettes, etc.), c'est 1 milliard d'euros par an, la vente à distance pesant 12%, dont la moitié sur le Web. Acteur leader de ce marché, Matelsom a même racheté en 2009 la célèbre mais mal en point Camif, à l'époque troisième vépéciste français.

 

EDUCATION-FORMATION
Maxi Cours, un Magnard contre les livres scolaires

Les manuels scolaires sont-ils voués à disparaître? Peut-être, si on en croit Patrice Magnard, créateur en 2000 de Maxicours.com, site de soutien scolaire en ligne. Ce rejeton du fondateur des éditions Magnard est un pionnier du Net. Il a créé le libraire en ligne Alapage.com en 1995 (avant la création d'Amazon), qu'il a cédé à Wanadoo en 1999, soit juste avant l'éclatement de la bulle Internet. «J'ai fait le pari que tous les élèves auraient un jour besoin de contenu pédagogique sur supports numériques», explique le PDG de Maxicours. Le site propose un soutien scolaire en ligne payant «accessible à tous» qui a déjà séduit plus de 100 000 familles. L'autre cible, ce sont les enseignants. «Ils peuvent construire des parcours pédagogiques multimédias grâce à notre base de données. Des cours enrichis d'images et de vidéos qui peuvent êtres projetés sur les nouveaux tableaux numériques», précise le fondateur de Maxicours. En raison de programmes scolaires «obèses», selon Patrice Magnard, les professeurs ne peuvent pas faire de pédagogie individualisée. Les outils numériques, comme les tablettes, dont les prix devraient baisser, sont une réponse à ce besoin. L'e-learning n'est encore qu'une niche avec ses 10 à 15 millions d'euros de chiffre d'affaires, comparés aux 300 millions de l'édition scolaire. «Mais le numérique va faire baisser ce chiffre. Avec des tablettes à moins de 100 euros d'ici deux ans, notre marché va exploser», pense Patrice Magnard. Les élèves écrasés sous le poids de leur cartable rempli de manuels devraient apprécier le changement.

 

SERVICES
Pages jaunes, le roi du Web local

D'annuaire papier à média local en ligne: c'est la transformation qu'a effectuée Pages jaunes. L'ancienne régie ODA (Office d'annonces) qui vendait les annuaires téléphoniques, propriété depuis 2006 de fonds de pension américains (KKR et Goldman Sachs), est devenue un site incontournable pour la recherche de professionnels. «Nous proposions déjà depuis 2004 des vidéos et des mini-sites de professionnels. En 2009, nous avons décidé d'accentuer ce mouvement en devenant un véritable média local», explique Julien Billot, directeur général adjoint en charge du pôle médias. Un accord récent avec l'agence Relax News a permis d'ajouter au site un portefeuille d'événements culturels locaux. Depuis le rachat en août 2011 de Fine Media, éditeur du site Comprendrechoisir, l'espace Guides pratiques propose ses conseils pour améliorer la vie quotidienne. Le groupe possède également le site de cartographie Mappy, Avendrealouer.fr (annonces immobilières) et 1213deal (agrégateur d'offres d'achats groupés). Premier groupe français et européen du Net en revenus, huitième site en audience avec 2,5 millions de visiteurs uniques par jour, Pages jaunes affiche des résultats financiers éloquents: environ 500 millions de marge pour 1,1 milliard de chiffre d'affaires en 2011. «Pour la première fois, les revenus du Net vont dépasser ceux des annuaires papier et devraient représenter 75 % de notre activité en 2014», se réjouit Julien Billot. Prochain objectif: sur Facebook, avec le projet Zoom On Villes, qui offre déjà trente pages sur la vie locale d'agglomérations françaises.

 

ÉLECTRONIQUE GRAND PUBLIC
Pixmania vise le podium européen

Sur le Net, un bon «time to market» est essentiel. En 2000, les frères Steve et Jean-Emile Rosenblum décident de se lancer sur le marché du développement photo sur le Web avec Pixmania.com. «C'était trop tôt car il n'y avait à l'époque ni appareils photos numériques ni haut débit», analyse Ulric Jérôme, directeur exécutif de Pixmania. Les deux frères décident donc d'équiper les Français en leurs vendant les appareils photos. En 2001, ils rachètent le grossiste Japan Diffusion, qui leur apporte du stock et des références. À partir de là, la croissance est rapide: 1,7 million d'euros de chiffre d'affaires en 2001, 44 millions un an plus tard! En 2002, c'est le début d'une internationalisation qui n'a jamais cessé. Pixmania ouvre en Allemagne, Grande-Bretagne, Espagne, Italie et Portugal. «Aujourd'hui, nous sommes présents dans 26 pays, la France pesant un tiers de notre activité», précise Ulric Jérôme. L'autre levier de développement, c'est la diversification. Après le matériel photo, Pixmania vend de l'image (téléviseurs), du son (lecteurs MP3), de l'informatique. En 2006, la société est cédée à Dixons Retail, troisième distributeur mondial de produits électroniques, à qui il apporte son savoir-faire en matière de e-commerce. Depuis, Pixmania n'a cessé d'élargir sa gamme de produits: petit et gros électroménager, puériculture, bricolage et jardinage, literie, bijoux, etc. «Nous sommes des multispécialistes experts sur chaque segment. Notre ambition: être dans le top 3 européen sur chaque marché après trois ans», conclut le directeur exécutif.

 

MEDIAS
Rue 89, le pionnier de l'information en ligne

En 2006, le quotidien Libération est en pleine crise. Arnaud Aubron, Pierre Haski, Laurent Mauduit et Pascal Riché, quatre journalistes qui ont comme point commun d'êtres blogueurs, s'en vont pour fonder Rue 89, le premier site d'informations généralistes en ligne. «Nous avions détecté la force de l'interactivité, une notion sous-estimée par les médias traditionnels», raconte Pierre Haski, cofondateur. Au deuxième tour de l'élection présidentielle de 2007, «la Rue», comme l'appellent familièrement les internautes, sort son premier scoop, le non-vote de Cécilia Sarkozy. «Ça nous a fait gagner un an en termes de visibilité», évoque Pierre Haski. Mais ce «journalisme participatif» peine à l'époque à convaincre les investisseurs. Il est pourtant devenu la norme, avec l'arrivée de Mediapart, Slate, Bakchich, etc. «Un secteur entier a vu le jour. Au Syndicat de la presse indépendante d'information en ligne, nous étions 6 au départ, nous sommes 70 aujourd'hui», se félicite le cofondateur de Rue 89. Néanmoins, le business model de pure player gratuit a montré ses limites. Faute d'atteindre une taille critique propre à séduire les annonceurs, Rue 89 a pu survivre, mais pas se développer. Après trois augmentations de capital, le site accepte début janvier 2012 l'offre de Claude Perdriel et rejoint Le Nouvel Observateur. «Il s'agit de pérenniser l'aventure et d'obtenir des moyens pour notre développement», analyse Pierre Haski. Depuis ce rachat, la Rue a pu embaucher quatre personnes et va créer de nouvelles sections. À venir: une appli tablettes et l'édition de livres numériques.

 

TEXTILE
Vente-privée, au service des marques

Le déstockage de marques, c'est le métier de Jacques-Antoine Granjon depuis trente ans. Avec la Cofotex, grossiste de fins de série de 1985 à 1996; sur le Net avec vente-privée.com depuis 2001. «Nous mettons en vente des produits issus des collections précédentes, mais dans un écrin magnifique, un décor glamour créé dans nos propres studios photo», décrit Xavier Court, cofondateur. Le principe: des ventes événementielles de trois à cinq jours, un accès limité aux membres, le premier arrivé est le premier servi. Dix ans plus tard, les chiffres illustrent la réussite de cette formule: 1 450 marques partenaires, 2,5 millions de visiteurs uniques par jour, 10 visites par mois de quarante-cinq minutes en moyenne pour chaque membre. «Vente-privée est devenu un média à part entière. Selon une étude de TNS Sofres [réalisée en mars 2010], 40% des internautes qui ne trouvent pas sur le site le produit qu'ils cherchent se rendent ensuite dans un point de vente pour acheter un produit de cette marque. Le site est aussi un accélérateur de notoriété: les marques gagnent en moyenne 13 points de notoriété auprès des membres et 24 points auprès des acheteurs de moins de six mois selon cette même étude», détaille Xavier Court. Vente-privée est devenu le distributeur de vêtements préféré des Français (source OC & C) et s'est diversifié en vendant du vin ou des tickets de spectacles et des albums d'artistes comme Patricia Kaas, Alain Chamfort ou Pierre Palmade. Avec toujours le souci de proposer des prix bas. «Les acheteurs viennent pour la marque et achètent pour le prix», résume Xavier Court.

 

TOURISME
Voyages-SNCF, du e-commerce au «social» et au m-commerce

Vendre des billets de train en ligne, la SNCF le fait depuis longtemps. D'abord avec le Minitel, puis sur le Web dès septembre 2000, année de création de la filiale et du portail Voyages-SNCF.com. En douze ans, la filiale de la compagnie ferroviaire a enrichi sa palette d'autres produits (avion et séjours en partenariat avec Expedia, location de voiture, hôtellerie) pour un chiffre d'affaires 2011 de 3,2 milliards d'euros. «L'e-commerce est le fruit d'une vision stratégique consistant à filialiser tout ce qui est hors “core business” de la SNCF», explique Yves Tyrode, directeur général. Cet ancien du marketing d'Orange arrivé il y a un an est fier de l'expertise digitale de ses 400 jeunes collaborateurs (âge moyen inférieur à 30 ans) et «pure digitaux»: «Nous fonctionnons exactement comme un pure player: ils pourraient travailler chez Google ou Amazon.» Première agence de voyages en ligne avec près de 7 millions de visiteurs uniques par mois (moyenne mensuelle au quatrième trimestre 2011), Voyages-sncf.com se développe rapidement sur le mobile. Le site est ainsi devenu le second site de m-commerce, avec 1,1 million de visiteurs uniques mensuels. Ce qui ne représente que 3% du chiffre d'affaires global, mais avec une croissance de +170% entre 2010 et 2011. «Après le e-commerce, nous désirons surfer sur les deux autres vagues d'innovations majeures que sont le mobile commerce et le social commerce», détaille Yves Tyrode. La page Facebook a pour but de générer du trafic vers le site, et l'appli Ipad a été «plébiscitée» par les clients, selon le directeur général.

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