Suite de notre série d'articles rédigés par les étudiants de mastère 2 de communication publique et politique 2.0 de l'ECS (European Communication School). Après l'influence de la campagne d'Obama 2008, un article sur l'abstention, et le rôle des lieutenants des candidats, les quinquas de la Ve savent-ils communiquer avec la génération Y?

 

 

La génération Y, née à partir de 1980, n'a connu qu'un monde "mondialisé", et un mur de Berlin effondré. Elle a grandi dans la consommation et le chômage de masse. Elle se reconnaît peu dans les valeurs républicaines (l'État providence, la fin des monnaies nationales, la famille...). Raymond Aubrac disait sur RTL, le 16 mars 2011: «Nous avons des jeunes à qui la société ne donne pas le sentiment qu'elle les attend, qu'elle a besoin d'eux et qu'elle va leur donner une chance de faire une vie normale.» En effet, 63% n'ont pas l'impression d'être pris en considération (selon Via Voice pour Libération et Animafac, mars 2012).
Qu'en est-il des politiques de la Ve République? Voici la neuvième échéance électorale (depuis 1965) à la magistrature suprême de la Constitution de 1958. Les Français sont appelés à se déplacer aux urnes pour choisir leur représentant pour les cinq prochaines années. Le Président de la République française est le symbole du «monarque constitutionnel». Il y a les électeurs inconditionnels, notamment les 35-74 ans, chez qui l'abstention totale n'a pas dépassée 10% à la présidentielle 2007, et ceux et celles qui se sont battus pour obtenir le suffrage universel. Or la génération Y n'est pas encore «idéologisée», alors même que la montée en puissance des médias et des réseaux sociaux est constante (ils passent quotidiennement en moyenne 3h30 devant un écran). A ce jour, près d'un tiers des jeunes ne se déplaceraient pas et le restant voterait pour un candidat à défaut au 1er tour, sachant qu'on nous a déjà «vendu» les finalistes.
Les 18-25 ans représentent entre 13 et 15% des suffrages.
Mais leur image est si désastreuse, synonyme de banlieues, de non-travailleurs que, à certains candidats, on a conseillé de ne pas avoir un programme pour eux, du fait de leur désintérêt supposé. Alors même que l'enthousiasme est omniprésent, il y a une passion pour le débat citoyen. Parmi ceux qui voteront pour la première fois, 70% sont intéressés par la présidentielle (par curiosité?). Mais l'hyperconsommation et l'hypermédiatisation noient la responsabilité et le message, les politiques externalisent les propos auprès «d'experts». L'offre politique n'est plus crédible. Les électeurs sont fatigués du même discours, la «dictature de l'élitisme».
Les solutions seraient dans le message avec des initiatives de proximité et des coups médias créatif, une campagne plus courte avec moins de surenchère de petites phrases (hors des grands meetings, la prise de la Bastille est peu onéreuse et rassemble sur des symboles d'une histoire participative commune).
A l'heure où l'avenir de la France se dessine dans l'austérité européenne, les jeunes restent son meilleur atout. Selon l'Ined, vers 2050, la France sera le pays le plus peuplé devant l'Allemagne et le plus jeune d'Europe, avec des perspectives sociales nouvelles. Il faut donc une vision fraîche, qui n'est pas celle que communiquent les dirigeants formés dans les idéaux de la fin du XXe siècle. Même si les candidats ont des petites mains qui utilisent les réseaux sociaux, le fossé de la dynamique se creuse entre les «élites-experts» et les jeunes, qui ne se font pas d'illusions sur l'influence de la politique sur leur quotidien. La génération Y acceptera t-elle la même campagne en 2017? Les quinquas 2012 de la Ve iront-ils au terme de ce nouveau mandat présidentiel?

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