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Une révolution silencieuse : les imprimantes 3D, sortes de machine à coudre de l’ère technologique, permettent de fabriquer presque tous les objets. Y compris, bientôt, chez soi.

Un défilé de mode futuriste, avec des vêtements conçus par de jeunes créateurs, au moyen d'imprimantes 3D. Quelques mètres plus loin, un hall qui expose des start-up proposant des imprimantes de toutes tailles, entre l'outil industriel imposant et la mini-imprimante de bureau. Fin novembre se tenait le 3D Printshow, au Carrousel du Louvre à Paris, le premier salon grand public consacré à l'impression en 3D.

A l'origine utilisée dans l'industrie, l'impression en trois dimensions est en pleine démocratisation. Au point que l'imprimante 3D pourrait bientôt remplacer les bonnes vieilles imprimantes à jet d'encre chez les particuliers. Imprimer? Il s'agit plutôt d'une machine à fabriquer des objets, grâce à un procédé à injection à plus de 90°C, qui façonne un objet, couche par couche, à la manière d'une imprimante classique qui additionne les pellicules d'encre. Des couches qui peuvent être réalisées en plastique, résine, céramique et même métal.

Pour l'instant, ces objets ciblent les professionnels. Aux Etats-Unis, deux géants occupent le marché de la fabrication d'imprimantes 3D, Makerbot et 3D Systems. D'ailleurs, l'impression 3D était initialement réservée à la mise au point de prototypes, passage obligé avant l'industrialisation d'objets. Mais les industriels s'en sont emparés aussi pour des produits finis. «L'aéronautique est déjà un marché: Airbus ou Boeing font fabriquer des pièces détachées avec ces technologies», explique Clément Moreau, directeur général de Sculpteo, qui propose un service d'impression 3D en ligne. Autre marché prometteur, la petite série de produits industriels, avec 1000 à 10000 pièces fabriquées.

 

Les adeptes du «Do it yourself»

Les imprimantes sont de plus en plus accessibles au grand public: comptez 1500 euros pour le modèle Cube, commercialisé par l'américain 3D Systems (en vente à la Fnac), et 2150 euros pour le Replicator 2 de Makerbot. De nouveaux usages apparaissent pour le grand public. Initialement, ce sont des passionnés, des «makers», adeptes de la culture du DIY («Do it yourself», faire soi-même) qui l'ont popularisée.
A la base, pour concevoir un objet en 3D, soit on produit un schéma sur son ordinateur avec un logiciel de dessin en 3D, soit on télécharge sur Internet des modèles de figurines, d'objets de décoration ou de pièces détachées à reproduire. Sur nombre de sites Web, tel Thingiverse.com, les makers s'échangent des plans prêts à être imprimés. En France aussi, des services d'un nouveau genre autour de l'impression 3D se développent. Le magasin Auchan du nouveau centre commercial d'Aéroville, près de Roissy, propose ainsi en libre service des imprimantes 3D. La Poste s'y met aussi: depuis fin novembre, trois bureaux franciliens proposent ce type d'imprimantes. Les particuliers peuvent imprimer des petits objets, comme des coques de smartphone.

A cela s'ajoutent les «fab labs» (contraction de l'anglais fabrication laboratory), qui fleurissent un peu partout. «De véritables ateliers ouverts au public avec des machines mises à disposition: imprimantes 3D, découpes laser, fraiseuses... Ils proposent aussi des formations», salue Mathilde Berchon, coauteur de L'Impression 3D (Eyrolles, 2013). Autre possibilité, déléguer son impression 3D à un «pure player». Le service en ligne Sculpteo permet de faire ses commandes. En partenariat avec Ebay et, depuis peu, Cdiscount, il propose aux particuliers de commander des objets imprimés en 3D. «C'est une révolution qui permet de vendre des objets et de les produire seulement après. Nous sommes ainsi un opérateur de services», explique Clément Moreau, de Sculpteo, qui serait en discussion avec des acteurs tels qu'Amazon.

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