Acteur majeur du secteur des transports franciliens, la RATP renforce sa politique culturelle en investissant un nouveau domaine artistique: la photographie.

Mis à l'honneur au musée du Jeu de paume jusqu'au 8 février 2015, le photographe américain Garry Winogrand est aussi exposé dans le métro parisien. Jusqu'au 5 février, 300 tirages orneront 16 stations et gares de la RATP dans le cadre du programme culturel «La RATP expose» lancé en octobre 2013. «L'objectif est de rendre le voyage plus attractif pour nos 11 millions de clients en animant nos espaces. C'est aussi une manière de matérialiser notre signature “Aimer la ville”», assure Isabelle Ockrent, directrice de la communication et de la marque, qui rappelle que la RATP a signé quelque 65 partenariats culturels depuis son engagement dans ce domaine.

 

Outre le fait de prolonger dans les sous-sols du métro des expositions de grands musées, la RATP expose aussi des travaux inédits issus de commandes auprès de photographes de l'agence Magnum Photos. Cet été, l'artiste russe Gueorgui Pinkhassov y a présenté des clichés sur le thème de la mobilité urbaine dans cinq villes où le groupe RATP est implanté. Ce projet, qui sera renouvelé chaque année, devrait être prolongé en librairie puisqu'un accord avec les Editions de La Martinière prévoit la création d'une collection consacrée à ces commandes.

 

Art et infrastructures

 

Cette incursion dans le monde de la photographie n'est qu'un des volets d'une politique culturelle qui englobe déjà le patrimoine (partenariats autour des Journées européennes du Patrimoine et de la Nuit blanche), la poésie (concours lancés en 1997) et la musique (création de l'Espace métro accords - EMA -, également en 1997).


Cette politique culturelle vise aussi à intégrer l'art dans les espaces de la RATP. «Quand nous créons de nouvelles stations, nous essayons d'associer des artistes à la réalisation de ces infrastructures, comme c'est le cas pour la prochaine station Pont Cardinet avec l'intervention de l'artiste allemand Tobias Rehberger», développe Isabelle Ockrent. Une manière de «personnaliser les lieux de transports», ajoute Jean-Michel Leblanc, responsable ingénierie culturelle et patrimoine de la RATP. Selon lui, la station la plus représentative de cette tendance reste celle de Palais-Royal et son kiosque des noctambules, réalisé par le plasticien français Jean-Michel Othoniel. Au total, cent vingt interventions pérennes ont été réalisées dans le métro parisien.


Procès contre M. Chat


La RATP ne souhaite toutefois pas communiquer sur le budget alloué à sa politique culturelle. Cette dernière ne s'accommodant pas vraiment d'imprévus et d'initiatives hors cadre: l'artiste Thoma Vuille (alias M. Chat), connu des Parisiens pour ses créations graphiques représentant un chat souriant, a été assigné en justice par la RATP pour avoir dessiné son chat à Châtelet en mai dernier. «Nous faisons en sorte que nos espaces soient propres et la lutte contre les graffitis fait partie de la propreté de nos espaces. La RATP débourse 20 millions d'euros par an pour les ôter. Nous avons une procédure classique avec un dépôt de plainte systématique dès qu'il y a un graffiti», se défend Isabelle Ockrent. Toutefois, la RATP n'est pas hermétique au street art: dans le XIIIe arrondissement, elle travaille conjointement avec la mairie et une association pour développer un projet de street art qui devrait voir le jour en 2015.

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