Auparavant, pour un voyage d'affaires sur le continent, les entreprises se tournaient vers Air France, tandis que pour un week-end en Europe sans se ruiner, le touriste préférait Easy Jet, Ryanair ou Vueling. Aujourd'hui, les acteurs du low cost changent la donne: la compagnie irlandaise Ryanair vient ainsi de lancer l'offre «Business Plus».
Pas de classe affaires à proprement parler dans ses avions, mais un billet plus cher, assorti de services spécifiques (des modifications de réservation gratuites, davantage de bagages autorisés, un embarquement prioritaire…). Cette stratégie semble fonctionner: «25% de nos clients voyagent pour affaires. Depuis le lancement de ce service, nous vendons 750 billets Business Plus par jour en France», indique Yann Delomez, sales & marketing manager Belgique, France et Maroc de Ryanair.
Si elle veut séduire massivement cette cible, la compagnie devra toutefois s'installer dans des aéroports proches des centres économiques. En Ile-de-France, «Ryanair devra proposer des vols sur Orly ou Roissy, mais plus Beauvais», avertit Didier Bréchemier, partner spécialisé dans le transport chez Roland Berger Strategy consultants.
La même tactique est employée par la compagnie à bas prix espagnole Vueling, qui tente d'approcher la clientèle d'entreprise avec son tarif «Excellence» (services similaires à ceux de Ryanair). «Les voyageurs d'affaires constituent 40% de notre clientèle», assure un porte-parole de la compagnie, laquelle devrait d'ailleurs bientôt communiquer auprès de cette cible.
Ponctualité, fréquences, destinations
Easyjet n'est pas en reste, qui vient de lancer, courant septembre, une campagne européenne (signée VCCP et adaptée par Grenade & Sparcks en France). Dédiée aux voyageurs d'affaires, elle souligne la ponctualité de la compagnie britannique. Un critère fondamental pour ce marché, tout comme la fréquence des vols matin et soir, et la multiplication des destinations.
Des pistes de travail qui semblent avoir fonctionné pour Easyjet puisque, «sur certaines lignes, comme Paris-Toulouse, la compagnie se positionne en concurrente d'Air France», estime Didier Bréchemier, qui ajoute: «Easyjet devient une marque de plus en plus acceptable pour les voyages d'affaires lorsque l'offre en fréquence est suffisante. C'est une compagnie low cost du fait de ses coûts de production, entre 30 et 50% moins cher que ceux d'une compagnie classique, mais vis-à-vis du client, elle l'est de moins en moins car ses prix s'approchent parfois de ceux des compagnies historiques comme Air France.»
Et ce, alors que, parallèlement, le groupe Air France renforce sa propre marque à petits prix, Transavia. Un développement «inéluctable», selon Fanny Viélajus, présidente de Let's be, cabinet conseil en stratégie de marque, pour qui «toutes les grandes compagnies aériennes sont aujourd'hui obligées de développer une offre à bas coût». «Les compagnies traditionnelles comme Air France offrent désormais des services proches de ceux des low cost, avec des vols à bas prix offant la possibilité aux clients d'acheter des options. Les modèles sont en train de converger», conclut Didier Bréchemier.
FOCUS: Air France pris en tenaille
Les temps sont rudes pour Air France et son segment business. Concurrencé en Europe par les compagnies low cost, celui-ci est également mis en difficulté sur les trajets transatlantiques par La Compagnie, qui propose des vols Paris-New York uniquement en classe affaires. «Avec ce modèle économique nouveau, nous souhaitons démocratiser [cette classe]», explique Frantz Yvelin, ex-patron de L'Avion et président-fondateur de cette compagnie aérienne apparue le 21 juillet dernier. Opérés sur un Boeing 757 équipé de 74 sièges, les vols devraient être quotidiens d'ici à novembre.
