Spiritueux
Patron de la maison Camus, Cyril Camus, producteur de cognac, trace sa route sur le marché chinois, particulièrement friand du spiritueux, aussi prestigieux que statutaire. Natif de Cognac, il partage désormais sa vie entre ces deux pays, allant jusqu'à perdre sa langue maternelle.

Sa première fois, c’était à l’âge de 11 ans. Verdict ? « Je n’ai pas aimé. À l’époque, je gagnais de l’argent de poche avec mon frère en débarrassant les couverts des invités. Un jour, il restait du cognac dans les verres. Je me suis dit qu’on allait peut-être goûter ce dont tout le monde parle tout le temps », se souvient Cyril Camus, rictus en coin. 

Depuis, le palais de l'entrepreneur, natif de Cognac et producteur du spiritueux du même nom, s'est éduqué au plaisir de l'eau-de-vie. Car quand on est patron de la cinquième maison de Cognac, on est un peu obligé d’apprécier le spiritueux... tout comme il paraissait difficile pour un descendant de la maison Camus de ne pas poursuivre dans la lignée familiale, aux commandes depuis près de 1862. « Cela a toujours été une évidence pour moi, même s’il n’y a jamais eu de pression de la part de ma famille », assure le fils de Jean-Paul Camus. Une carrière prédestinée qui, avec les années, est devenue une véritable passion.

Hyperactif

Cyril Camus souligne la liberté totale qui lui est accordée car malgré les 154 ans d’histoire de la maison, la réinvention reste de rigueur. Un impondérable pour cet hyperactif qui ne tient pas en place. Du haut de ses 17 ans, il fait ses premiers pas d'entrepreneur au sein de l’école privée de commerce américaine de Babson, entouré d’enfants de grands partrons. « J’y ai d’ailleurs crée ma première entreprise, dédiée au déménagement et stockage d’affaires d’étudiants pendant les vacances. Ce n’était pas très glamour mais j’avais quand même cinq camions et douze employés ! », plaisante l'entrepreneur. Après l’obtention de son diplôme, il déménage à Pékin et continue son cursus à l’école de commerce UIBE. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard s’il décide de s’emparer du marché chinois alors qu'il prend la direction de l’entreprise familiale en 2003 : le cognac, symbole du luxe à la française, est un cadeau particulièrement apprécié, car signe de réussite sociale. L'implantation prendra néanmoins plus de temps que prévu suite aux interdictions locales et c’est seulement en 2007 qu’il aura l’autorisation d’ouvrir une filiale à Shanghai.

Comblé d'honneurs

Aux antipodes du casanier, il assure ne pas pouvoir poser ses valises plus de quatre jours d'affilée. Pratique quand on dirige une entreprise à l’aura mondiale. « Même quand j’ai un jour de repos, je pars quelque part », affirme-t-il. Que ce soit en Chine ou dans un nouveau coin de Charentes, l’exploration en solitaire ne lui fait pas peur. Contrairement à son rôle de patron où il lui arrive parfois de douter. L’année dernière, il recevait la légion d’honneur des mains de Jean-Pierre Raffarin. Perçue comme un signe d’encouragement plus que de reconnaissance, Cyril Camus reste modeste quant à cette récompense préférant évoquer une autre fierté : « la médaille de la ville de Cognac m’a particulièrement touché », tempère le chef d'entreprise. La culture de la vigne nécessite toujours des racines profondes.

Parcours 

1971. Naissance, à Cognac.

1988. Diplômé de l'université américaine Babson.

1991. Intègre l'école de commerce internationale IUBE à Beijing, Chine.

1993. Devient directeur des relations commerciales au sein de l'entreprise familiale Maison Camus.

1998. Revient dans la filiale française en tant que directeur du développement Europe.

2003. Prend la direction de la maison Camus.

2007. Ouvre une filiale à Shanghai.

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