Design automobile
Thierry Métroz est l’homme de la renaissance du luxe automobile français des années folles. Directeur du design - ou du style - de DS, il redessine avec conviction et humilité, mais sans nostalgie, les codes du premium.

La posture est droite mais l’attitude décontractée, le regard bleu arctique, le ton accueillant. Au centre de design de DS à Vélizy, l'homme ne tarit pas d’éloges envers les collègues sur notre chemin. À une heure d’un lancement mondial, Thierry Métroz le patron du design de DS, apparaît détendu, chaleureux. Celui auquel le groupe PSA a confié la responsabilité de faire renaître le luxe automobile à la française est « une personne à part », comme dit son amie Diane Deblyck, à la tête de l’École du cuir, qui ouvrira ses portes en septembre. « Il dégage une impression de vérité absolue, le mot est à la mode, mais il est bienveillant. Quand vous le rencontrez, vous avez l’impression d’être la personne la plus intéressante du monde car il vous considère », esquisse celle qui fait sa connaissance sur un plateau de BFM pour parler d’auto, et de mode.

Amoureux de matière

Selon le contexte, il est directeur du design... ou du style. Le premier pour l’auto, le second, le luxe. « Il a en lui cette sensibilité du haut de gamme et du bon goût, lui-même est raffiné et élégant, au point que la marque l’utilise énormément en communication », raconte Jean-Pierre Ploué, directeur des styles du groupe PSA, qui nomme Thierry Métroz à ce poste en 2013. Ces deux pionniers du design auto français se connaissent depuis l’âge de 14 ans. Ils fréquentent les bancs de l’École d’horlogerie de Besançon. « La vie est faite de rencontres », résume Thierry Métroz. Parmi eux, monsieur Girard, un prof. « Il m’a marqué à vie pour son exigence incroyable. Je lui avais rendu un dossier après un mois de travail, un détail ne lui plaisait pas à la première page, il n’a pas lu la deuxième : il a tout jeté ! Ça ne se reproduit pas deux fois… » raconte le designer. Il dit que son métier, c’est 30 % de talent et 70 % de travail. « Il faut répéter », martèle cet amoureux de matière, qui a pu faire des journées de vingt heures. S’il a gardé cette exigence, son management n'est pas de ce bois-là. Pas d’École Boulle pour le duo de copains, « car ils ne prenaient que les deux premiers ». Pas d’architecture pour Thierry Métroz, qui n’était « pas assez bon en maths ». Ce fut l’École nationale supérieure des arts appliqués et des métiers d’art (Ensaama).

Monsieur Monospace

L'étudiant se dirige vers le design produit, en espérant dessiner des autos. Un choix qui inspire alors le mépris du corps enseignant. « Les gamins se retournent quand ils voient une Ferrari, pas une machine à café », justifie-t-il. Avec Jean-Pierre Ploué et Anne Asensio, tous férus de voitures, ils créent la section Design transport, la première du genre en France. Aujourd'hui, la section Design produit du site affiche une Citroën. Après un premier stage dans une verrière sur le toit de Peugeot, Thierry Métroz passe chez Renault. Celui qui mettait des autocollants d’Alpine A110 partout quand il était enfant – et qui roulera avec plus tard – travaille sur la Laguna et devient le « monsieur monospace », avec les Espace 3 et 4, et même ce projet fou d’Espace Formule 1 en 1994. Sur la Twingo, il est en compétition avec un certain Jean-Pierre Ploué. La citadine aurait eu des phares avant rectangulaires sans Thierry Métroz. Le grand public ne se souvient peut-être pas de l’Avantime, son projet de monospace premium. Comme son nom l’indique, cette auto a eu « raison avant son temps ». Il travaille dessus avec Matra, « des fous de compétition ». Tour de chauffe, avant de rejoindre PSA et Carlos Tavares, lui-même pilote.

Passé chez Citroën en 2010, il commence à écrire les codes de DS. Et lâche les gaz. « Cela m’a toujours contrarié de penser que dans les années 1930, le luxe auto était français. Delahaye, Facel-Vega, Bugatti, Delage, Figoni & Falaschi et que dire de Voisin... Mais aujourd'hui ? » En 2019, une marque le passionne encore : Mercedes. L’audace du coupé-berline CLS, le mythe 300SL Gullwing. Une période aussi, les années 1970 et l’âge d’or de la carrosserie italienne : Bertone. Renaissance n’est pas nostalgie. Le designer balaie le rétro-design, réservé à « ceux qui n’ont plus rien à raconter ». Lui crée. Il rejette « la pensée unique façon Apple dans l’auto électrique », qui ouvre pourtant de nouvelles pistes.  La couture « en point perle » de DS a mis trois ans avant de devenir possible. « Il peut être tête de mule, lâche Jean-Pierre Ploué. Tant mieux : on a besoin d’hommes de conviction. »

Parcours :

1963. Naissance à Besançon.

1985. Diplômé de l’Ensaama.

1985. Entrée chez Renault.

1996. Renault Espace 3. 

2001. Renault Avantime.

2010. Directeur du style de Citroën.

2013. Directeur du style DS Automobiles.

2017. Lancement de DS 7 CrossBack.

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