Sexisme
Dans les pages de Stratégies, on trouve des articles, bien sûr, mais aussi les publicités de nos annonceurs. Un exercice qui a été, au fil des années, le lieu de tous les délires… et de tous les dérapages. Florilège.

Muteen – « Je ne suce plus mon pouce », « J’ai encore plus sexy : mon QI », « Je ne couche plus avec mon nounours » - 2001

On a vécu les années 1990 à l’ombre des jeunes filles en fleurs, de Vanessa Paradis, « lolycéenne » de Gainsbourg, à Alizée et son « Moi Lolita ». Ces annonces pour Muteen, défunt magazine pour adolescentes supposément dessalées, galerie de strings apparents et de chaînes de taille, donnent dans le sous-entendu poisseux : « Je ne couche plus avec mon nounours ». Du Nabokov rance.

Sodra Cell – « La blonde bébête » - 1993

Dans les sept plaies de l’humour, aux côtés des jeux de mots navrants et des « monsieur et -madame », il y avait les blagues de blondes, qui ont connu leur petit succès à la fin des années 1990. Le fabricant de papier Sodra Cell surfe sur ce prurit de l’esprit. « Vous connaissez le lieu commun selon lequel les blondes sont bêtes ? Stupide, n’est-ce pas ? Il s’agit ici d’une blonde parfaitement -intelligente : notre pâte à papier sans chlore. » À la fois racoleur et technico-ennuyeux : un exploit !

Fun Radio – « Tant qu’il y aura des piles » - 1986

Par où commencer ? La masculinité toxique absolue de cette annonce, dans laquelle une femme invisible, manifestement accroupie, donne de sa personne, tandis qu’un homme au torse puissant lui demande gentiment s’il peut allumer la radio ? L’identité visuelle, « Fun Radio, Network FM n°1 », 100 % incompréhensible ? Ou encore la signature, « Tant qu’il y aura des piles » ? Des piles ?

Service visionnage – « Si c’est oui, c’est oui. Si c’est non, c’est peut-être. Mais c’est tout de suite » - 1986C’est sûr qu’à l’époque, on ne se prenait pas vraiment la tête avec les problématiques du consentement : « Si c’est oui, c’est oui. Si c’est non, c’est peut-être. Mais c’est tout de suite ». Double sens craignos pour cette annonce du Service de Visionnage, dont la démarche était pourtant louable : annoncer que la Régie française de publicité (RFP, ex-BVP puis ARPP) était désormais en mesure de donner un avis sur un scénario de pub en moins de 24 heures. Pour nous, c’est un grand non.Roumagnac & Associés – « Elles vont finir au poste ! » - 1986

Ambiance cœur-croisé pour cette auto-promo de l’agence Roumagnac & Associés, qui a poussé l’exigence jusqu’à « traquer les plus belles poitrines de Paris ». À l’avenant, l’accroche de fin de banquet : « Elles vont finir au poste ! ». Au poste de télé, bien sûr, rhôôô… Les plus anciens auront reconnu, à droite, Charlotte Kady, animatrice de Récré A2, programme pour enfants des années 1980.

Publicat/Télérama – « Sans complexe » (femme seins nus) - 1986

Mais qu’est-ce qui a pris à Télérama ? Alors fleuron du groupe La Vie catholique, l’hebdomadaire, dévergondé par sa régie Publicat, jette son bonnet par-dessus les moulins avec ce visuel de blonde lascive, nue sous son pull-over. En sus, un manifeste à la Jakie Quartz : « Sans complexes. Comme une fille qui s’émancipe. Et s’ouvre à tous les désirs. -Télérama change. Donne envie de Rolex. De jean’s, gin et Gini ». Pécheresse ! Ce sera quatre Ave, et trois Pater.

IP – « Pense à moi souvent » - 1987

Beaucoup de questions sur cette annonce pour la régie IP, qui donne à voir une sorte de Raiponce en mode YouPorn. Qui est Lorraine ? Pourquoi est-elle nue ? Pourquoi est-elle de dos ? Pourquoi a-t-elle les cheveux si longs ? Pourquoi cette natte géante ? Pourquoi ?

Auto Plus – « Les femmes apprécieront » - 1993Encore un teasing foireux, avec cette pub à double détente. Premier visuel : une blonde hollywoodienne sourit : «Bonne nouvelle : il paraît que pour les hommes, il n’y a pas que le foot dans la vie». Deuxième visuel, c’est la douche froide :  « Mauvaise nouvelle : pour les hommes, il n’y a pas que les femmes dans la vie ». Ah mais oui, y a aussi les bagnoles ! « Les femmes apprécieront », conclut cette campagne pour Auto-Plus. Pas vraiment, non.Omédia – « Nous savons stimuler les envies » - 2001

Onanisme publicitaire en deux  temps dans ces annonces pour l’agence Omédia, qui promettait « de nouvelles sensations publicitaires ». Diable ! Une femme sans tête se caresse le porte-monnaie, avant de quitter l’allusif pour une séance de masturbation en bonne et due forme. « Nous savons stimuler les envies », assure l’accroche. En termes de sensation, on est plutôt dans le malaise. N’est pas Guy Bourdin qui veut !

Interdeco/Scanner 3 – « Aujourd’hui vous en savez plus sur vos consommateurs » - 1984C’est ce qu’on appelle la pub intrusive. Sur la première annonce de cette campagne pour Interdeco et sa nouvelle offre Scanner 3, monsieur et madame gambadent, lunettes de soleil, imperméables. Deuxième annonce, choc thermique : monsieur et madame sont tout à coup entièrement nus, en « full frontal ». Dernière annonce : une image scanner du couple. « Hier vous ne saviez rien de vos consommateurs. Aujourd’hui, vous en savez plus. Le 20 septembre, vous saurez tout ». Sauf les résultats de la coloscopie ?Hörzu – « Les Allemands n’aiment pas que la bière, proposez-leur autre chose » - 1984Ah, l’Allemagne éternelle ! Dans cette ode aux merveilles d’Outre-Rhin, pour une régie du nom de Hörzu, on est loin des Chevaliers Teutoniques, de Rilke et du Sturm und Drang. Là, on est plutôt dans le registre de l’Oktoberfest. « Les Allemands n’aiment pas que la bière, proposez-leur autre chose ». Ah tiens ? Mais quoi donc ? Le visuel, qui montre une grosse chope de bière empoignée par une femme sans tête mais à la poitrine bien présente, répond de lui-même. Schade !

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