Entrepreneuriat
À 24 ans, elle a cofondé la start-up Front. À 30, Mathilde Collin fait partie des deux seules femmes présentes parmi le prestigieux classement «Next Billion Dollars startups» de Forbes.

«Toute petite déjà, je considérais que trop de gens partaient au travail tous les jours sans être heureux. Dès lors, j’avais en tête de créer une société qui ait un impact concret sur les conditions de travail», se remémore Mathilde Collin, cofondatrice et pdg de Front, outil pensé pour disrupter les bonnes vieilles boîtes de réception qui n’ont pas évolué depuis les années 1980. Une vision qu’elle partage avec son cofondateur Laurent Perrin, rencontré à la fin de ses études à HEC. «Si l’email est souvent inefficace et source d’erreurs (réponse au mauvais message, oubli de répondre, mauvaise manipulation des cc et cci… ), c’est que les boîtes de réception ont été conçues comme individuelles. Or la réalité est que la plupart des gens travaillent à plusieurs. Nous avons donc misé sur l’aspect collaboratif de l’outil», retrace l’entrepreneure. Front est une interface qui identifie les collègues de l’utilisateur et lui permet, entre autres, d’avoir des conversations autour d’un email plutôt que de répondre à un transfert, de collaborer sur un brouillon, et surtout de centraliser tous les autres canaux utilisés au quotidien (CRM, réseaux sociaux…). «Sans en changer complètement le protocole, qui fonctionne bien, il nous fallait trouver une idée vraiment innovante face aux géants que sont Gmail et Outlook, massivement utilisés», indique Mathilde Collin.

À ce jour, Front a déjà levé 79 millions de dollars. La société compte 150 salariés répartis sur trois bureaux –San Francisco, à Paris et à Amsterdam– pour quelque 5 000 clients. D’autres levées de fonds sont en préparation, ce qui a valu à Front de figurer dans la fameuse sélection «Next Billion Dollars startups» de Forbes, ces jeunes pousses pressenties pour devenir les prochaines licornes, c’est-à-dire valorisées à plus d'un milliard de dollars. Parmi ces 25 start-up, seules deux femmes fondatrices sont présentes: la Chinoise Lidia Yan de Next Trucking et notre jeune Française. «Front a beaucoup grossi ces dernières années et le marché est encore vaste, je pense qu’en effet nous serons rapidement valorisé à 1 milliard. Pour autant, devenir une licorne n’est pas un objectif, c'est un moyen pour faire encore plus. Et j’ai beaucoup d’ambition pour Front», entrevoit celle qui se dit à la fois «fière» et «triste» de ne voir que deux femmes dans le classement… «Donner de la visibilité aux femmes qui entreprennent est la manière la plus efficace d’inciter les autres à se lancer.» Son conseil: «Montrez-vous. Le manque de confiance en soi, typiquement féminin, je l’ai moi-même subi. Si j’ai toujours eu cette envie en moi de créer mon  entreprise, pendant longtemps je ne m’en sentais pas capable. Ce sont les rencontres qui m’ont donné confiance en moi.»

Aujourd’hui installée à San Francisco, la jeune femme est claire: «Là-bas, les investissements viennent plus tôt, les employés comme les clients prennent plus de risques. Cela permet d’aller plus vite».

Parcours

1989. Naissance en France.

2012. Obtention du Master en entrepreneuriat d'HEC.

2013. Fondation de Front.

2014. Intégration au sein de l'incubateur Y Combinator en Californie.

2018. Acquisition de la société Meetingbird. Ouverture du siège social à Paris. Création de la Fondation Front.

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