Jeux
Après des mois d'anticipation, la plateforme de jeux vidéo sur le cloud de Google, Stadia, a été mise en service le 19 novembre, sans vraiment rassurer les joueurs inquiets de savoir si la réactivité et la qualité des jeux sera à la hauteur de leurs attentes et habitudes.

En mars dernier, Google a promis aux abonnés de son nouveau service qu'ils auraient la possibilité de jouer depuis n'importe quel écran, en passant de leur téléviseur connecté à leur ordinateur et à leur smartphone sans friction, et sans console ni processeur performant. «C'est l'heure. L'heure de changer votre façon de penser. Stadia commence à arriver aujourd'hui», a tweeté le compte officiel de la plateforme.

Des joueurs ont testé le service en avant-première, avec des retours d'expérience mitigés. Des messages élogieux circulaient mardi 19 novembre sur Twitter, mais aussi des vidéos montrant des problèmes liés à la latence tels que les quelques millisecondes entre la pression sur le bouton et le mouvement du personnage à l'écran, un enjeu essentiel pour les services de «cloud gaming».

Échecs ou combat

Paul Tassi, spécialiste des jeux vidéos et contributeur de Forbes, a ainsi diffusé une vidéo où la conversation entre des personnages apparaît un peu saccadée.

Quand le signal doit d'abord passer par le serveur de Google, le risque d'un décalage existe. Or ce risque, même infime, aucun joueur ne veut le prendre, à moins de jouer aux échecs. Car en cas de combat avec d'autres personnages, la victoire peut se jouer à celui qui aura appuyé une microseconde plus tôt que son adversaire sur le bouton. «Le cloud gaming nécessite une connexion bien meilleure que pour le streaming de vidéos ou de musique. Son succès dépend énormément du réseau et de sa capacité à gérer les périodes de forte demande, sans latence, explique Steve Alexander, directeur technique de Ciena, une entreprise américaine spécialisée dans les télécoms. Si les réseaux ne sont pas capable de permettre des parties immersives et interactives, la prochaine révolution du cloud gaming ne dépassera pas la page de chargement».

«On a l'impression qu'ils se sont dépêchés de sortir Stadia avant que la plateforme soit complètement prête. C'est inquiétant, car Google risque de ne pas complètement tenir ses promesses», commente George Jijiashvili, analyste chez Ovum.

Lire aussi : Google lance son service de cloud gaming Stadia

Dans 14 pays d'Amérique du Nord et d'Europe, les joueurs peuvent désormais s'abonner à «Stadia pro» pour 9,99 dollars (ou euros) par mois. Ce prix comprend l'usage de la technologie à distance, dont la 4K et le son 5.1 (image et son en très haute définition), deux jeux gratuits (dont la franchise Destiny 2, de Bungie) et l'accès au reste du catalogue de jeux payants, 22 titres immédiatement disponibles et une trentaine d'ici la fin de l'année.

Stadia consiste avant tout en un ordinateur virtuel, loué à distance. Contrairement aux plateformes de streaming comme Netflix, son modèle économique sera donc d'abord basé sur la vente des jeux à la pièce, avec une commission, comme le font d'autres services (Xbox Live, Steam...). Les prix des titres démarrent généralement autour de 50 euros. Un abonnement gratuit doit d'ailleurs être proposé en 2020, avec des caractéristiques techniques moins performantes (image HD, son stéréo...).

D'autres options ne seront pas disponibles dès le lancement, comme la possibilité d'accéder à Stadia via YouTube. Et seuls les smartphones Google (Pixel 3 ou 4) permettront de se connecter à la plateforme sur mobile, avec une connexion wifi.



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