Grandes causes
Tuées parce que femmes. C'est pour aider à lutter contre les violences qui leur sont infligées qu'ONU Femmes France a voulu mobiliser l’opinion sur les réseaux sociaux avec la campagne #LeFéminicideDansLaLoi, conçue par Glory Paris et couronnée du premier Grand Prix Stratégies de la communication d'engagement.

Toutes les 48 heures, une femme meurt sous les coups de son compagnon ou ex-compagnon. C'est partant de ce lugubre constat qu'est née la campagne #LeFéminicideDansLaLoi, déployée par ONU Femmes France en novembre 2019 à l'occasion du Orange Day, la journée organisée pour lutter contre les violences faites aux femmes. Pour concevoir cette campagne, l'Organisation des Nations unies consacrée à l'égalité des sexes et à l'autonomisation des femmes s’est tournée vers l'agence Glory Paris afin d'identifier une façon impactante de parler des féminicides. « Nos équipes de création ont proposé de mettre à contribution des influenceuses et des célébrités qui étaient d’accord pour disparaître de leurs réseaux sociaux pendant 48 heures. Au moment de réapparaître, elles expliquaient les raisons de cette mort digitale », raconte Hugues Pinguet, cofondateur de Glory Paris. Objectif de l'opération, montrer à quel point cela peut émouvoir et alimenter les questionnements. Lorsqu'une femme disparaît après avoir été frappée par son conjoint ou ex, on n'en parle pas tant que ça, voire pas du tout. « L’idée a été validée très vite, mais il restait à chercher des structures qui avaient envie de nous accompagner, car toutes les influenceuses ne sont pas prêtes à renoncer à une rétribution financière », confie-t-il.

C’est finalement l’agence Influence4You qui s’associe au projet. « Nous avions déjà travaillé pro bono par le passé sur des causes comme le Sidaction, la recherche contre le cancer… Cela fait partie de nos valeurs, et nous avons été heureux de contribuer à cette campagne de sensibilisation aux violences faites aux femmes », explique Sébastien Bouillet, fondateur et CEO de l'agence. Une vingtaine d’influenceuses positionnées sur différents sujets (beauté, lifestyle…) et désireuses de relayer ces messages et de les amplifier à travers leurs réseaux sociaux ont été choisies. « Leur adhésion a été totale et sans appel car elles ont eu conscience d’avoir un rôle d’ambassadeur à jouer et elles ont souhaité être utiles. Nous leur avons laissé carte blanche, même si le concept était un peu cadré. Elles devaient disparaître en postant un message un peu énigmatique, avec la date de création de leur chaîne et celle de leur disparition, mais sans autre information », précise-t-il. Le but était de faire réfléchir leurs communautés sur la raison de ce black-out.

Des célébrités en soutien

Pour faire vraiment le buzz, restait à mettre dans la boucle des célébrités. C’est là qu’est intervenue S2R Starbrand. « Nous avons notamment pu embarquer Angèle, Clara Luciani ou encore Aomé, trois chanteuses très présentes sur le digital », se rappelle Cyril Estarellas, fondateur et CEO de l'agence, dont la vocation est de créer des expériences avec les artistes pour les marques. « Nous nous leur avons donné les guidelines mais sans leur mettre aucun carcan », souligne-t-il. La chanteuse Natasha St-Pier a également joué le jeu, alors même qu’elle était en période de concert. Bilal Hassani a également posté un tweet très largement partagé. Quant à l’humoriste Laura Calu, elle s’est montrée particulièrement engagée.

Comme souvent, ce qui est simple s’avère efficace. La campagne #LeFéminicideDansLaLoi a été un succès avec 4 millions de vues sur Instagram, plus de 6,5 millions de reach total et 500 000 interactions en quelques jours seulement. Un engagement cinq fois supérieur aux taux généralement constatés sur les réseaux sociaux. Le soutien média a représenté un achat d’espace pro bono de 750 000 euros en brut dans une période publicitaire très chargée. Surtout, un texte de loi sur les violences conjugales a été adopté au Parlement, avec pour principale mesure la mise en place d’un bracelet anti-rapprochement. Un premier pas de taille.

« Éveiller les consciences et jouer un rôle auprès des pouvoirs publics », Catherine Reichert, vice-présidente communication d’ONU Femmes France

« Les violences faites aux femmes, et plus spécifiquement les féminicides, sont des causes dramatiques que nous voulions porter devant le plus grand nombre à l’occasion de notre campagne annuelle Orange Day, qui a lieu tous les mois de novembre. Il s’agit avant tout d’une campagne de plaidoyer mais aussi d’une campagne de communication. Une mécanique s’est mise en place, très bien portée par notre agence, et nous avons eu plus de 80 retombées presse. Nous avons aussi pu compter sur le mécénat de compétences déployé par AXA, qui a géré entre autres nos RP. Nous sommes enchantés de remporter ce grand prix, c’est la reconnaissance du travail accompli pour toutes nos actions de sensibilisation, que ce soit sur la dépendance économique, le leadership politique… Nous espérons continuer à éveiller les consciences et à jouer un rôle auprès des pouvoirs publics. »

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