Les Messageries lyonnaises de presse (MLP) prévoient d’avoir distribué 5 millions d’exemplaires de Charlie Hebdo d’ici à mercredi. «On pense avoisiner les 5 millions diffusés mardi ou mercredi», a confié à Stratégies Marie-Cécile Rigault, directrice de la communication et du marketing de MLP. «2,7 millions de numéros ont été distribués entre mercredi et samedi matin et quasiment tous vendus», a par ailleurs déclaré samedi à l’AFP le distributeur de l'hebdomadaire satirique. «La plupart des kiosquiers sont en rupture, il y a des listes de demandes, c'est tout à fait exceptionnel. Lundi, un million d'exemplaire sera placé à la première heure», a-t-on ajouté de même source. La demande en provenance de l’étranger continue d’être très forte, à près de 700.000 exemplaires distribués, notamment en raison de l’approvisionnement de la Belgique, qui a déjoué un attentat et abattu des terroristes islamistes la semaine dernière.
Charlie Hebdo a annoncé de nouvelles réimpressions pour atteindre 7 millions d'exemplaires d'ici à vendredi. Le précédent objectif avait été fixé à 5 millions d’exemplaires. Il s’agit d’une mise en place historique qui va permettre à Charlie Hebdo d’être le titre de la presse française le plus imprimé, dépassant le tirage de 6,114 millions d’exemplaires pour TV Magazine, le supplément télévision du Figaro et de nombreux titres de la presse quotidienne régionale.
Une distribution payante au-delà du million
La distribution de Charlie Hebdo, qui a été assurée gracieusement pour le numéro du 7 janvier et pour le premier million d’exemplaires du numéro du 14 janvier retrouve les tarifs normaux au-delà du million d’exemplaires. En dehors d’actes individuels de kiosquiers ou de dépositaires qui ont décidé de reverser leur commission à la fondation créée en faveur des victimes de l'attentat, les millions d’exemplaires aujourd’hui acheminés retrouvent donc les tarifs normaux de la filière de distribution (grossistes, syndicats, enseignes…). «Il fallait s’assurer que toute la chaîne était solidaire», confie le distributeur. L’éditeur, qui aurait atteint 130 000 abonnés jeudi, s’acheminerait vers les 200 000 abonnements.
La 14 janvier, Charlie Hebdo a publié son premier numéro après l’attentat qui a décimé sa rédaction et fait douze morts. Sa une «tout est pardonné», avec la caricature du prophète Mahomet, a suscité de nombreuses manifestations et des violences dans des pays musulmans. Vendredi 16 janvier, à Karachi, au Pakistan, un photographe de l'AFP a été notamment grièvement blessé par balle lors d’un affrontement devant le consulat français et cinq personnes sont mortes samedi à Niamey, au Niger, lors de manifestations anti-françaises contre la publication de Charlie Hebdo.
Selon un sondage Ifop publié dans le Journal du Dimanche, les Français sont partagés sur la publication de la Une de Charlie Hebdo. A une question rappelant que «certains musulmans se sentent blessés ou agressés par la publication de caricatures du prophète Mahomet», 57% répondent qu'il faut «ne pas tenir compte de ces réactions et continuer de publier ce type de caricatures» contre 42% qui pensent qu'il «faut tenir compte de ces réactions et éviter de publier ce type de caricatures» (1% sans opinion). Seuls 49% ne sont pas favorables à une limitation de la liberté d'expression sur internet.
