Les nouveaux programmes arrivés sur les télés du monde depuis septembre s’appuient beaucoup sur les émotions. Mais les chaînes préfèrent aussi minimiser les risques en adaptant des formats déjà éprouvés ailleurs.

2700 nouveaux programmes, mais combien de réellement innovants ? Selon Eurodata TV Worldwide, la structure internationale de Médiamétrie, seuls 51% de ces nouvelles émissions sont des créations originales. «La prise de risque est de moins en moins importante, relève Sahar Baghery, directrice des formats et contenus TV internationaux chez Eurodata TV. Les chaînes préfèrent faire confiance à des concepts reconnus».

 

Selon les observations de l’institut d’études, portant sur 38 territoires et 408 chaînes, entre mi-août et fin novembre 2014, en fiction, 61% des nouvelles séries sont des importations, et 2% des adaptations. A l'inverse, les programmes de divertissement sont majoritairement (à 57%) des formats originaux. Seuls 24% sont importés et 19% adaptés. On mise sur le local aussi pour les programmes dits factuels (talk shows): 60% de créations originales, contre 38% d’importation et 2% en adaptation.

 

 

Meurtres d’enfants

 

Le recyclage ou l’adaptation de programmes connus est un moyen de minimiser les risques pour les chaînes. Ainsi, en Suède et au Danemark, Big Brother revient dans une version clairement connectée sur les réseaux sociaux. En Suède encore Robinson Love est un mélange de jeu d’aventure («Survivor») et de programme de rencontres («L’Ile des tentations»). «Les chaînes capitalisent sur des marques éprouvées qui retrouvent une nouvelle jeunesse», commente Julia  Espérance, responsable d’étude et de clientèle chez Eurodata TV.

 

Le filon est aussi valable pour les séries dont les formats dérivés («spin-off») se développent, souvent plus sombres, comme Walking Dead Cobalt ou Better Call Saul, inspiré de Breaking Bad. Le mal semble justement prendre possession du petit écran, et les enfants sont malmenés. En Grande-Bretagne, Glue est une enquête après le meurtre d’un jeune qui rouvre d’anciens dossiers. En Suède, Jordskott suit l’enquête d’une mère qui recherche son enfant disparu. En Australie, Catching Milat, est la traque d’un tueur d’adolescents dans les années 1990. «Ce sont d’autres manières, moins conventionnelles, de capter le téléspectateur», convient Sahar Baghery.

 

 

Adaptation de programmes épurés

 

«Si les prises de risque sont modérées grâce à l’utilisation ou l’adaptation de programmes épurés, ce sont surtout des concepts jouant sur les ressorts émotionnels qui sont les plus exploités, indique Julia Espérance. Cette émotion peut passer par de nouveaux moyens techniques, comme pour les documentaires animaliers qui trouvent un nouveau souffle grâce à l’Ultra haute-définition ou d’autres moyens permettant aux téléspectateurs d’être en totale immersion». Life Story  (France 5), Une nuit sur terre (France 2) ou Polar Sea 360 (Arte), filmé à 360 degrés, entrent dans cette catégorie.

 

En Inde, Chine, Turquie et Corée du Sud, plus de 90% des nouvelles séries sont locales. Le japon, la Corée du sud, mais aussi les Pays-Bas et les Etats-Unis préfèrent leurs propres divertissements originaux. Ils sont originaux à 95% dans ces pays. En France, nous sommes champions des nouveaux programmes factuels. Ils sont originaux à plus de 80% chez nous, comme en Grande-Bretagne et en Russie.

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