La télévision locale de Toulouse TLT, en grande difficulté financière, espère un ballon d'oxygène des collectivités locales pour éviter une liquidation judiciaire lors d'une audience prévue vendredi 6 mars devant le tribunal de commerce. «J'espère arriver devant le tribunal de commerce avec 2 millions d'euros assurés si toutes les collectivités, la Ville, la Métropole, la Région, valident le renouvellement de leurs contrats d'objectifs et de moyens (COM) avec nous», explique Anne Oriol (SNJ), secrétaire du CE et représentante des salariés devant le tribunal de commerce de Toulouse.   

 

Devenir en suspens

 

L'entreprise, qui compte 20 salariés dont 9 journalistes, est placée sous le régime d'un plan de continuation prévoyant le remboursement régulier de dettes anciennes et l'audience du tribunal le 6 mars pourrait décider une liquidation judiciaire si l'entreprise est en cessation de paiement. TLT, créée en 1988 à l'initiative de Dominique Baudis, alors maire de la quatrième ville de France, a été l'une des toutes premières télévisions locales. Elle avait déposé son bilan fin 2008. Malgré une recapitalisation en 2009 et des effectifs réduits de moitié, elle a continué à perdre de l'argent, souffrant en particulier d'un manque de ressources publicitaires lié à sa faible audience, mais aussi, selon le personnel, à la disparition du service commercial. Elle est détenue à 60% par la mairie de Toulouse, environ 20% par la Dépêche du Midi, les autres actionnaires étant le Toulouse football club, le Stade Toulousain et Sud communication (groupe Pierre Fabre).   

 

Entièrement financée par des COM

 

La chaîne généraliste présidée depuis 2013 par l'ancien journaliste et producteur Emmanuel Schwartzenberg, 59 ans, vit essentiellement de fonds publics. La mairie de Toulouse a reconduit l'été dernier un COM apportant environ 700 000 euros par an à la chaîne, mais le COM de l'agglomération Toulouse Métropole (environ 500 000 euros par an) qui a expiré à la fin 2014 n'a pas encore été renouvelé. Le président de l'agglomération Jean-Luc Moudenc (UMP) a annoncé vendredi que le sujet serait à l'ordre du jour du prochain conseil métropolitain le 9 avril. «Le tribunal s'en contentera-t-il?», s'interroge la représentante du personnel qui demande «une avance de trésorerie relative aux mensualités non versées depuis le début 2015». Du côté de la Région, autre bailleur de fonds, le COM (400 000 euros) s'achève en juillet 2015 et n'a pas encore été reconduit. On assure dans l'entourage du président de Région «qu'un courrier de Martin Malvy partira avant le 6 mars».   

 

Du sursis vers une réponse à long terme

 

Même si TLT obtient ce nouveau ballon d'oxygène, la question de la survie à moyen terme de la chaîne reste posée. Les actionnaires actuels cherchent un repreneur qui pourrait faire face à une concurrence exacerbée par la multiplication des chaînes de la TNT et d'internet. «Il faut l'envisager mais on refuse que ce soit le couteau sous la gorge après liquidation», explique Anne Oriol. Les élus Europe Ecologie les Verts (EELV) du conseil régional se sont prononcés pour un rapprochement avec France 3. Lors d'une conférence de presse mardi, Gérard Onesta vice-président EELV de la Région a déclaré: «nous proposons de créer un lien structurel et structurant entre la puissance publique représentée par FR3, qui a les moyens techniques mais n'a le droit de faire que quelques minutes de décrochage local, et TLT qui a la flexibilité et la capacité d'émettre». Une solution qui laisse sceptique la représentante du personnel car «très lourde en obstacles juridiques».

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.