You Tube fête ses dix ans, face à Dailymotion, qui vient de trouver un partenaire de poids en Vivendi. Le groupe français peut-il vraiment peser face au géant américain?

Ce closing s’achèvera en juin. Le 7 avril, Orange a approuvé la cession de Dailymotion à Vivendi. Le groupe de médias prendra alors 80% du capital de la plateforme de vidéo, pour 217 millions d’euros, l’opérateur télécom conservant 20%. Orange cherchait à adosser Dailymotion à un groupe international, pour qu’il devienne un véritable concurrent de You Tube. Ce sera finalement par son adossement à Canal + et à Universal Music que Dailymotion risque de faire la différence.

Car le géant You Tube, propriété de Google, qui fête ses dix ans, affiche une supériorité écrasante. Son audience massive, de 1 milliard de visiteurs uniques par mois, est huit fois supérieure à celle de Dailymotion, qui en compte 128 millions. Autre atout, sa force de frappe publicitaire. Il fournit gratuitement à ses partenaires son player customisable, et prélève moins de la moitié de ses revenus publicitaires, plus de 50% revenant à l'éditeur. Il compte ainsi parmi ses partenaires médias «l’essentiel des diffuseurs, tels  TF1, M6, France Télévisions», résume Arnaud Monnier, directeur branding Google France. You Tube bénéficie aussi de toutes les innovations du géant du Web. Un You Tube Kids est ainsi testée aux Etats-Unis depuis deux mois. Et le projet d’offre payante d'abonnement mensuel, permettant de visionner You Tube sans publicité, est attendu courant 2015.

Tout sur le contenu

Dailymotion, qui ne réalise que 20% de son audience en France, n'est pas un pur phénomène franco-français. En plus de ses 230 salariés en France, il a déjà des bureaux en Europe, à New York, Palo Alto, Los Angeles, Tokyo, Singapour, et São Paulo. Autre atout, depuis ses débuts, il a noué des partenariats souvent exclusifs avec bon nombre de médias français de presse écrite, tels Le Monde, Le Figaro et L’Express: dotés de studios vidéos, ils produisent leurs contenus maison. «Or les audiences par programmes sur les contenus professionnels sont à plus forte valeur unitaire, et plus facilement monétisables», souligne Jacques Bajon, directeur de l'activité Média et contenus numériques à l’Idate.

Surtout, Vivendi misera sur ses contenus. Grâce au label Universal Music, qui a en catalogue des stars telles que Lady Gaga ou Stromae, «on pourrait proposer les coulisses de concerts exclusivement sur Dailymotion», imagine Stéphane Roussel, directeur du développement de Vivendi. «Nous voulons montrer aux internautes que nous aurons des contenus exclusifs n’étant pas sur You Tube».

Le groupe est déjà lancé dans cette logique. Il dispose pour cela d’une pépite, Studios Bagel. Certes, ses deux chaînes Studio Movie et Studio Gaming, lancées en octobre 2014, sont diffusées sur… You Tube. Mais «ce qu’il y a sur YouTube sera amené à être décliné sur Dailymotion», précise Stéphane Roussel. Pour aller plus loin, «on a mis en place une usine à production de formats courts. C’est une manne publicitaire sur internet: la consommation des formats 3 à 7 minutes explose», souligne Stéphane Roussel.

 



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