Pétitions
La plateforme de pétitions en ligne Change, qui a levé 25 millions de dollars fin 2014, a pour première ambition de changer la manière dont les grandes décisions sont prises. Explications.

Redonner le pouvoir au peuple: si l’idée est ancienne, le site Change.org est en train d’en faire une réalité, comme le prouvent ses pétitions en ligne contre le projet de loi sur le renseignement. Créée en 2007 aux Etats-Unis, la plateforme qui totalise aujourd’hui 80 millions d’utilisateurs dans le monde, dont presque 4 millions en France, ne compte plus les victoires à son actif. Aux Etats-Unis, face à la vindicte populaire, Bank of America a par exemple dû renoncer à facturer 5 dollars par mois l’utilisation de sa carte bleue. Sur le seul site Change, plus de 300 000 personnes avaient signé une pétition pressant la banque de renoncer à son projet.

En France, Vertbaudet, Intermarché et Camaïeu sont quelques-unes des entreprises à avoir ligué contre elles des milliers d’internautes sur Change, les obligeant à revoir leurs plans. Vertbaudet a présenté ses excuses après une pétition dénonçant le caractère sexiste d’un de ses catalogues; Intermarché s’est engagé à renoncer à la pêche en eaux profondes tandis que Camaïeu a versé des indemnités aux victimes de l’effondrement du Rana Plaza, au Bangladesh.

Accélérer sur le mobile

«Notre conviction avec Change, ce n’est pas tant de changer telle ou telle chose en particulier mais plutôt de changer la façon dont les décisions sont prises, explique Ben Rattray, fondateur de la start-up. Au lieu que les décisions soient prises par un petit groupe d’individus dans leur coin, nous voulons qu’ils puissent les prendre en tenant compte du point de vue de la majorité des gens.»

Change, une «B-Corporation», un statut à mi-chemin entre l’entreprise et l’ONG, compte aujourd’hui 180 salariés, répartis dans 18 pays, dont cinq en France. Si la société ne communique pas son chiffre d’affaires, elle dégage 80% de ses revenus du sponsoring de campagnes (20% restants provenant de parrainage d'internautes). Moyennant finances, une organisation peut sponsoriser une pétition, lui donnant ainsi davantage de visibilité sur le site et surtout un accès direct aux signataires qui acceptent d’être contactés. «Nous voulons réduire le fossé qui séparait jusque-là les signataires d’une pétition et les ONG», insiste Ben Rattray.

Fin 2014, Change a finalisé la deuxième levée de fonds de son histoire, d’un montant de 25 millions de dollars, auprès d’investisseurs comme Bill Gates, Pierre Omidyar et Arianna Huffington, respectivement fondateurs de Microsoft, Ebay et le Huffington Post. Objectif de cette levée de fonds, accélérer sur le mobile et poursuivre le développement international. Dans le viseur de Change, l’Europe de l’Est et l’Afrique.

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