Audiovisuel

Frédérique Bredin, directrice générale du Centre national du cinéma et de l'image animé (CNC), revient sur les raisons des excellents chiffres du cinéma qui ont été rendus publics à Cannes pendant le festival.

 

 

Comment expliquer les records de fréquentation des salles et du cinéma français?

Frédérique Bredin. 2014 fut en effet une très belle année pour le cinéma français. En vingt ans, nous avons gagné 10 millions de spectateurs. Et l’opération «4 euros» a permis aux jeunes de retrouver le chemin des salles avec 20 millions d’entrées chez les moins de 14 ans. Ce record de fréquentation a été soutenu par la réussite des films français qui ont dominé l’offre cinématographique avec une part de marché de 44%. Cela est dû à la grande diversité, des comédies populaires comme La Famille Bélier, aux films d’action comme Lucy, mais aussi aux succès des films d’auteurs comme Les Héritiers, Les Combattants ou Bande de filles. C'est le sens de notre action: soutenir des films fragiles et permettre ainsi à chaque film de trouver son public.  

 

Canal+ qui prolonge ses accords avec le cinéma, est-ce le signe de la vitalité économique des films français?

F.B. C’est d’abord une très bonne nouvelle! Cela prouve que Canal + veut continuer à être le premier financeur du cinéma français. Il s’agit d’un accord sur cinq ans dans lequel Canal maintient son niveau d’investissement. C’est aussi une preuve de confiance de la chaîne dans la vitalité du cinéma français. Il faut saluer l’esprit de responsabilité de la chaîne et des organisations professionnelles du cinéma qui ont trouvé cet accord. Le CNC y a participé activement en s’impliquant dans l’aide à la distribution.



Les grandes chaînes ont écrit à Twitter et Facebook pour dénoncer le piratage sur leur plateforme. Une menace croissante pour la création?

F.B. Je partage les craintes de Nicolas Seydoux, de l’ALPA, et des chaînes TV, le piratage est un fléau pour la création. La mise en ligne de contenus videos non autorisés de plus en plus massive sur les deux plus grands réseaux sociaux est lourde de conséquences pour les ayants droit. Il est nécessaire de travailler tous ensemble pour la mise en place de mesures permettant de limiter le piratage sur les réseaux sociaux. Les nouvelles fonctionnalités de partage destinées à augmenter la viralité et le nombre de vues ne doivent en aucun cas porter atteinte aux ayants droit.  

 

Le marché unique du numérique, voulu par la Commission européenne, implique-t-il un copyright européen?

F.B. Il existe déjà des règles européennes en matière de droit d'auteur et nous pensons qu'elles sont suffisantes. Elles n'empêchent en rien la circulation des œuvres en Europe. Nous partageons l'objectif de la Commission d'améliorer encore davantage la disponibilité et la diffusion des œuvres dans l'Union, mais nous pensons qu'il y a d'autres priorités que de détricoter le cadre existant. Ce que nous appelons de nos vœux, ce sont des actions plus fortes au niveau européen pour lutter contre le piratage ou valoriser de l'offre légale. Des initiatives fortes ont été prises en France qui pourraient être étendues. Nous demandons aussi une réelle équité de traitement entre les opérateurs afin qu'ils contribuent tous au financement de la création. Enfin, il faut aussi aller plus loin dans le soutien à la distribution en ligne, de manière à ce que davantage d'œuvres européennes soient présentes sur les plateformes VOD locales.

 

 

 

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.