Le Conseil d’Etat à retoqué les refus de passage de payant en gratuit de LCI et Paris Première. Celle-ci, chaîne du groupe M6, avait pourtant les faveurs du rapporteur de l’instance... et du marché publicitaire.

La rentrée sera studieuse à Paris Première. La chaîne du groupe M6 aura une session de rattrapage devant le Conseil supérieur de l’audiovisuel dans l’objectif, une nouvelle fois, de passer d'une diffusion payante à gratuite sur le hertzien national. Le 17 juin, le Conseil d’Etat a en effet annulé les décisions prises en juillet 2014 par le CSA pour vice de forme. D’ici à six mois, l'instance de régulation devra donc se prononcer à nouveau… sur le fond. Mais, depuis un an l’environnement a été modifié, notamment avec la perspective de la vente de Numéro 23 à Next Radio TV. La chaîne faisait partie de celles, avec D8 et NRJ 12, qui auraient pu souffrir commercialement si Paris Première passait en gratuit. C'est tout du moins ce qui avait motivé le refus du CSA dans son étude d'impact sur laquelle le rapporteur du Conseil d'Etat a émis un «doute sérieux».

 

Diificile pour les «sages» de ne pas tenir compte de l'évolution de Numéro 23. En cas d'agrément par le CSA, Alain Weill prévoit de passer son budget de 30 à 70 millions d'euros en cinq ans et de profiter d'une «convention assez large» pour accentuer le caractère généraliste de la chaîne. En mai 2014, les dirigeants du groupe M6 prévoyaient 50 millions d’euros de recettes nettes en 2019 pour Paris Première en version gratuite. L’équilibre aurait été atteint en 2018 avec une grille à 30 millions d’euros après un déficit cumulé de 30 millions assumés par le groupe M6.

Atypisme bienvenu

M6 Publicité parie sur le positionnement particulier de sa chaîne. «Paris Première propose une offre complémentaire et n’a pas beaucoup de copies, assure-t-on à la régie. Elle est incarnée par des programmes phares très identifiés», comme Ça balance à Paris, Zemmour & Naulleau, Les Grosses têtes...

 

Une vision plutôt partagée sur le marché publicitaire. «Oui, l’univers de Paris Première est différent car plus qualitatif, confirme Isabelle Vignon, directrice de l’expertise média chez Dentsu Aegis Network. Gratuite, la chaîne devrait permettre de gagner un peu de couverture sur des cibles urbaines, CSP+ ou 25-49 ans.»

 

Gavés de chaînes généralistes, les annonceurs réclament des chaînes plus atypiques. Paris Première semble avoir sa chance. «Même gratuite, et donc en visant une population plus large grâce à une grille plus accessible, la chaîne devrait conserver son âme», estime Béatrice Swiecka, directrice du pôle multiscreen chez KR Media.

 

Toutefois, Paris Première en gratuit ne ferait pas que des heureux. Un tel passage pourrait impacter les recettes publicitaires des chaînes du service public, et plus particulièrement celles de France 5. «Cela rendrait encore plus nécessaires des assouplissements sur la publicité après 20 heures, comme pendant les retransmissions sportives», confie-t-on à France Télévisions.

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