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Intuitif, efficace, moderne, le «swipe» a le vent en poupe. De nombreuses applications l'ont mis en place pour permettre à l'internaute de faire des choix. Un design popularisé par le site de rencontres Tinder, qui portent ses fruits en termes de taux d'engagement.

Le clic, un mode de navigation ringard? Sans aller jusque-là, on constate un engouement récent pour une manière alternative de circuler sur l’internet mobile: le «swipe». Issu de l’anglais to swipe - qui signifie glisser - ce mode d'interaction n’est pas nouveau. Il permet depuis l’avènement du support tactile de passer d’une page à l’autre, en glissant son doigt sur l'écran. Il vient compléter le «scroll» - faire défiler du contenu sur une même page -, navigation plus traditionnelle sur ordinateur comme sur mobile. 

«Aujourd'hui, on est de moins en moins dans les boutons, qui viennent encombrer les contenus, mais de plus en plus dans le geste», explique Vincent Pillet, cofondateur de Useradgents, agence de conseil en marketing mobile.

A gauche pour jeter, à droite pour conserver

Le swipe est au cœur d’une tendance émergente qui consiste à rendre le mobinaute plus actif dans sa navigation, lui permettant de faire des choix: un swipe à droite si l’objet ou l’information l'intéresse, pour le stocker en vue d’une action (lecture, rencontre, achat…) remise à plus tard, ou un swipe à gauche si l’info n’est pas estimée pertinente et ne mérite pas d’être conservée. La première application à avoir popularisé ce mode de navigation est le site de rencontre américain Tinder, né en septembre 2012.

Au sein de cette application de réseautage social par géolocalisation, l’utilisateur est invité à faire défiler des prétendants, comme on trierait un jeu de cartes: à lui de swiper à gauche ou à droite en fonction d’une photographie et de quelques informations. Si deux personnes se sont mutuellement swipées à droite, alors il y a «match». En chiffres, Tinder c’est 1,6 milliard de profils swipés pour 26 millions de matchs par jour (chiffres déclarés par Tinder en avril 2015).

Emules de Tinder

Si au départ, cette forme de mise en relation a été jugée scandaleuse pour ses aspects «supermarché de l’amour» ou «humain jetable», rapidement, Tinder a fait des émules dans des secteurs très différents. Des centaines d’applications qui se présentant comme «le Tinder de…» font chaque mois leur apparition (1).

Plus récemment, le secteur de la presse a franchi le pas, et de nombreux outils de curation de contenus ont été construits autour du swipe. Appliquée aux médias, cette méthode consiste à «teaser» une information avec une photo et un court texte. L’utilisateur choisit ou non d’accéder au reste de l’info en swipant d’un côté ou de l’autre. Potluck 2.0, lancé en novembre 2013 aux Etats-Unis, est la première occurrence de ce que l’on pourrait qualifier de «speed-dating de la news» (d’après une expression du site américain The Verge). Mêlant réseau social et application de curation, le site permet de sélectionner des infos pour les «pusher» auprès de ses contacts.

Valeur d'usage

Nouvelle venue dans le secteur des outils de curation, La Matinale du Monde, est née il y a deux mois en France. Le concept semble bien prendre: «200 000 téléchargements en un mois et autant d'utilisateurs, avec de très bons commentaires sur les stores, selon Isabelle André, directrice des activités numériques du groupe. Nous avons répondu à un usage. Les personnes qui l’ont téléchargé ont pris l’habitude de l’utiliser quotidiennement: 60% des visites se font effectivement de 7h à 11h

Citons également NOD (News on demand), lancée en version anglaise par Marie-Catherine Beuth (ex-journaliste au Figaro) en octobre 2014, qui propose chaque jour trois news, selon des temps de lecture différents. «La présentation d'une veille d'infos sur des cartes, avec un gestuelle à la Tinder pour naviguer entre elles, est un bon moyen de donner de nombreux indices sur un sujet, permettre au lecteur de choisir facilement les infos pertinente dans l'univers de l'“infobésité.”» La version française de NOD est en cours de préparation et devrait voir le jour dans les prochains mois.

Intuitif et engageant

Innovant, moderne et connoté «jeune» en raison de son inspiration Tinder, dont l’âge moyen des membres est de 27 ans, le swipe est intuitif et interactif. Il est aussi très utilisé dans le domaine publicitaire et a notamment donné lieu au format carrousel. Instagram le propose aux marques par exemple depuis la fin du mois de mai. Il apparaît comme un format utile pour valoriser des visuels et développer son storytelling. Ou encore le format cube, comme celui proposé par la régie mobile Widespace, «très intéressant lorqu’une marque veux montrer toute une gamme d’un même produit», explique Pierre Gauthier, directeur des partenariats.

Une meilleure expérience utilisateur, mais également un meilleur taux d’engagement. C’est en tout cas ce que montrent les résultats d’une étude menée par Widespace en juin, «Publicité sur mobile: le swipe est un meilleur indicateur de résultat que le clic»: 28% des utilisateurs y déclarent mieux se souvenir des publicités quand ils peuvent swiper. L’utilisateur est en outre «4,5 fois plus susceptible de demander plus d'informations sur l'offre grâce à un balayage du doigt sur la bannière que via un clic sur un autre site». D’ailleurs, en interagissant par le swipe, l’internaute fournit par ses choix de précieux renseignements sur ses goûts. Utilisés pour améliorer l’algorithme d’une application, ces éléments peuvent permettre de personnaliser avec précision les informations qui lui sont diffusées.

 Interactivité entre l'homme et la machine

Cette tendance du swipe est à mettre en perspective avec une tendance, plus globale, de recherche d'intuitivité, de rapidité et d'efficacité de pilotage sur les interfaces tactiles. Plusieurs modes d'interaction sont en plein développement: le vocal, le «force touch» - effet d'appui plus ou moins fort sur un écran pour enclencher des actions - notamment sur la montre d'Apple et bientôt sur l'Iphone 6S (attendu pour le mois de septembre), ou encore le taptic engine, qui «vous toque sur le poignet dès que vous recevez une notification».

«De manière générale, on se dirige vers une interactivité quasi-transhumaine, avec des contacts vocaux, sensoriels et pourquoi pas visuels. On recherche l'interaction la plus fine possible entre l'humain et la machine», entrevoit Vincent Pillet.

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