Télévision
Le docu-réalité de M6 entame sa dixième saison. Retour au terroir, effet «feel good» et bonheur simple des vraies gens sont bons pour l'audience.

Plan large: champs verdoyants, vaches laitières et ballots de paille. Plan serré: Michel, viticulteur en Charente-Maritime, compte fleurette à ses prétendantes, Sandrine et Florence, lors d’un tour de tracteur. A travers ses longs travellings, l'émission adaptée par Freemantle Media du format britannique Farmer wants a wife multiplie les scènes au romantisme bucolique. L'Amour est dans le pré est une «émission-Meetic», un «docu-réalité» qui s’est imposé depuis juillet 2006 comme le carton d’audience estival de M6, avec ses 5,6 millions de téléspectateurs en moyenne l'an dernier. Lundi 13 juillet, l'épisode 11 de la 10e saison affichait 3,62 millions de téléspectateurs en première partie de soirée, pour 20% de parts d’audience (Médiamétrie-Vivaki). Le 8 juin, pour sa première, le programme scotchait 5,57 millions d'individus (22,2% de PDA).

Croire en l'amour

Le ressort? Le bonheur simple des vraies gens fait plaisir à voir. «Nous voulions un programme populaire, en phase avec les valeurs des Français. La promesse: croire en l’amour», résume Marie Willem, chef de projet en charge de l'émission chez M6. La chaîne joue donc les entremetteuses entre des agriculteurs à la recherche d'un(e) conjoint(e) et des célibataires. La présentatrice, Karine Le Marchand, est fidèle au poste depuis 2006. Elle s’est imposée pour son côté bonne copine, avec un taux de notoriété de 79% d’après le sondage Animat OMG–Stratégies de 2015. Les qualificatifs «sympa» (48% chez les femmes), «chaleureuse» (29%), «drôle» (24%), «sexy» (42% des hommes) lui sont le plus souvent rattachés.

Le casting est soigné et les agriculteurs présentent des profils variés. Ils viennent des quatre coins de la France, entre Claire, 24 ans, éleveuse d’oies, Claude, 64 ans et Guillaume, premier casté gay cette saison. L’émission joue aussi sur les longs plans-séquences de la campagne, histoire d'opérer une plongée dans la France rurale. «C’est le tour d'une France où chacun a pu grandir ou passer des vacances. Cela s’inscrit aussi dans la tendance de la slow TV, où l'on prend le temps de montrer», poursuit Marie Willem. Au passage, la société de production joue volontiers le décalage en illustrant ses séquences par des choix musicaux pointus. Cette année, le rock des Strokes ou les Libertines alterne avec la pop sucrée de Simon & Garfunkel.

Enfin, M6 joue sur l’effet-miroir: «Chacun se reconnaît dans les histoires et les personnes que l’on va suivre, comme dans les situations de séduction», précise Marie Willem. Mais le vrai thème, c’est le choc des cultures: «Le scénario repose sur des personnages qui n’auraient jamais dû se rencontrer, l’agriculteur et la fille de la ville, en hauts talons dans le lisier. Cet antagonisme suscite le rire chez le téléspectateur», observe François Jost, professeur à Paris 3. Un rire «sans méchanceté», jure la production.

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.