Audiovisuel
La nouvelle présidente de France Télévisions a dévoilé ses premiers objectifs devant l'Association des journalistes médias. Elle souhaite avant tout le retour de la publicité après 20h et une réforme de la redevance. «Fromage et dessert», selon ses termes.

A peine arrivée, Delphine Ernotte veut tout. Invitée par l’Association des journalistes médias, lundi 31 août, la nouvelle présidente de France Télévisions souhaite développer les ressources de son groupe afin, affirme-t-elle, de régler la problématique d'une «entreprise déficitaire depuis des années dans son exploitation».

Installée officiellement depuis une semaine, la patronne du groupe audiovisuel public est clairement pour le retour de la publicité après 20 heures sur ses antennes. «Je n’ai pas de tabou sur ce point», déclare-t-elle, en insistant sur le fait que la seule ouverture commerciale aux événements sportifs diffusés en soirée, comme un match de football, se traduirait par «peanuts». Elle veut donc que soit ouverte aux recettes publicitaires la tranche 20 heures-21 heures des antennes du service public. «Ce n'est pas idéologique, c'est pragmatique», a-t-elle ajouté.

En parallèle, la nouvelle patronne de France Télévisions souhaite un élargissement de l’assiette de la redevance aux autres écrans que le téléviseur. «Je suis favorable à une réforme que beaucoup de pays européens ont déjà fait, insiste-t-elle. Et pourquoi pas aussi prélever en fiscalisant la redevance à la source ou avec une plus grande justice sociale?»

Menace de coupes dans les activités existantes

Arrivée lundi 23 août à France Télévisions, et en provenance d’Orange dont elle était directrice générale, Delphine Ernotte a un objectif: trouver de l’argent. La publicité et la redevance sont deux solutions rapides. «Je demande fromage et dessert, résume-t-elle devant les journalistes médias. Il faut que France Télévisions ait les moyens de ses ambitions, et je dois rééquilibrer les finances.» Et sinon? «L’actionnaire de France Télévisions, c’est l’Etat: à lui de prendre ses responsabilités», répond-elle. Autrement dit, il lui faudrait alors couper dans les activités existantes, comme la diffusion de France 4 en TNT.

Afin de développer les recettes du groupe, Delphine Ernotte a créé une division commerciale commune regroupant la régie publicitaire (France Télévisions Publicité) et les structures de production (Multimédia France Production) et de distribution (France Télévisions Distribution). Ce pôle a été confié à Laetitia Recayte, ex-responsable du développement du groupe de production Newen, nommée directrice du développement commercial. «Une filiale commerciale est là pour rapporter de l’argent à sa maison mère, sinon à quoi bon?», spécifie Delphine Ernotte, qui précise que MFP et FTD sont «juste à l'équilibre». Elle n’a pris aucune décision concernant la succession de Daniel Saada, qui sera atteint par la limite d’âge en février prochain, à la tête de la régie. «Nous nous poserons cette question à son départ», précise-t-elle.

Projet de chaîne d'information

Des ressources, Delphine Ernotte devra en trouver pour mener à bien son premier grand projet, celui d’une chaîne d’information dont le lancement est prévu en septembre 2016. «Mais les ressources, elles sont déjà là, précise-t-elle. Nous avons une puissance de feu impressionnante en termes de journalistes. Nous avons aussi les actifs construits par Bruno Patino [ex-patron du développement numérique du groupe] sur lesquels on pourra construire. Nous ne partons pas de zéro.» Le fil France TV Info servira de base de lancement de la chaîne et continuera de ne pas être exploité sur le plan publicitaire.

La chaîne d’info de France Télévisions ne sera pas non plus ouverte à la publicité. Elle débutera sur le web, sans doute en association avec Radio France et France Médias Monde. Delphine Ernotte compte d’ailleurs bien mettre son nez sur le volet numérique de France Télévisions: «Beaucoup de choses ont été faites… peut-être un peu trop! estime-t-elle. Il existe une vingtaine d’applications, c’est sans doute trop. Et il y a aussi des problème d’ergonomie à régler, notamment sur Pluzz [le service de télévisions de rattrapage] La patronne a aussi d'autres projets de chaînes… pour plus tard, et projette de lancer un service de vidéo par abonnement (SVOD).

Face aux journalistes médias, la présidente s’est aussi déclarée très fière de la parité hommes-femmes qu’elle met en place à France Télévisions au sein du comité exécutif. «Mais c’est aussi sur la représentation à l’antenne de la diversité de la société que je compte travailler», observe celle qui, à Orange, avait taxé toute blague sexiste de son conseil d’administration par une amende de 50 euros. Une autre idée de ressources pour France Télévisions?

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