Télévision
Actionnaire majoritaire de Vivendi, Vincent Bolloré prend officiellement le contrôle de sa filiale Canal+ avec sa nomination, ce matin, à la présidence du conseil de surveillance de la chaîne cryptée, ainsi que celle de Jean-Christophe Thiery, actuel président de Bolloré Media, à la présidence du directoire, en remplacement de Bertrand Méheut.

A l'issue du conseil de surveillance de Canal + qui se tenait ce matin, Vincent Bolloré, actionnaire majoritaire de Vivendi, en a été nommé président - poste qu'il occupe déjà à Vivendi - et prend ainsi officiellement le contrôle de la chaîne crytée. Dans la foulée, Jean-Christophe Thiery, actuel président de Bolloré Media, devient président du directoire de Canal+  et remplace Bertrand Méheut, présent à Canal+ depuis treize ans. Ce dernier ne quitte toutefois pas le groupe et «conseillera Vincent Bolloré sur les importants développements que Vivendi souhaite voir réalisés par le Groupe Canal+», indique un communiqué. 

Nouveau management, nouvelle grille

Signe de la volonté de l'industriel d'intégrer davantage sa filiale à Vivendi, la mise en place de ce nouvel organigramme survient alors que Vivendi a décidé de prendre le contrôle complet de la Société d'édition de Canal+ (SECP), véhicule coté de la chaîne cryptée. Si Vincent Bolloré a seulement pris jeudi 3 septembre le contrôle effectif de la chaîne cryptée, une première reprise en main avait déjà commencé en juillet, avec les départs du directeur général Rodolphe Belmer, remplacé par Maxime Saada, et d'Ara Aprikian, patron des chaînes en clair du groupe (D8, D17 et iTélé). Maxime Saada a déjà opéré des changements dans la grille de rentrée, notamment le passage en crypté de l'émission culte Les Guignols de l'Info, toutefois accessible en clair le dimanche et sur Dailymotion, le remplacement d'Antoine de Caunes par Maïtena Biraben à la tête du Grand Journal ou encore la remontée à 20H10 du Petit Journal et sont allongement à 40 minutes pour la cible des 15-30 ans.

Nouvelles concurrences

Bousculé par la concurrence de Netflix, géant américain de la vidéo à la demande par abonnement sur le cinéma et les séries, et par BeIn Sports dans le sport, Canal+ est contrainte de se réinventer. Les revenus des activités de la télévision payante en France ont en effet légèrement reculé au premier semestre. Et si le nombre d'abonnés a augmenté (+176000), c'est grâce à l'international (l'Afrique et le Vietnam). La chaîne cryptée peut toutefois compter sur la bonne santé financière de sa maison mère pour accélérer son développement. En cédant SFR à Numericable et GVT à Telefonica, Vivendi dispose d'environ 9 milliards d'euros de trésorerie.

Le groupe, qui envisage dans un avenir proche de nouvelles acquisitions, a annoncé mercredi être "entré en négociation exclusives pour devenir un partenaire minoritaire" de la structure qui naîtra de la fusion des sociétés de production Banijay et Zodiak, futur troisième groupe mondial de création de programmes.  Vivendi a également augmenté mardi sa participation dans la plateforme internet de vidéo Dailymotion, à 90% du capital, en achetant 10% supplémentaires à Orange, pour un montant global de 244 millions d'euros. Indice fort de l'importance accordée à cette "pépite", qui pourrait favoriser les synergies entre filiales, souhaitées par Vincent Bolloré, et valoriser son portefeuille de contenus sur le web à l'instar des "Guignols", qui seront diffusés sur Dailymotion, après leur diffusion sur Canal+, ou via des partenariats dans la musique avec sa filiale Universal Music Group. A cet égard, selon La Lettre de l'Expansion  Dominique Delport, directeur général d'Havas Media Group, un temps pressenti pour la présidence de Canal Plus, devrait prendre, en sus, la tête de Vivendi Contents que dirigeait Rodolphe Belmer.



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