Bruno Patino, directeur éditorial d'Arte France

Les négociations exclusives de TF1 sur le rachat de Newen.

TF1 projette de racheter une société qui fait les deux tiers de son chiffre d’affaires avec son concurrent. Cela ne peut que poser question du côté de France Télévisions. Et met en exergue la tendance aux stratégies verticales des diffuseurs, comme on l’a vu avec Canal+ et Vivendi. Dans un monde où la position des diffuseurs est moins forte, prise entre les détenteurs de droits et l’accès au client final, via les telcos et les interfaces, la réponse des diffuseurs est de verticaliser leur stratégie en devenant éditeur. La réglementation a été faite pour protéger les producteurs face à des diffuseurs tout puissants qui voient aujourd’hui leurs marges de développement menacées. Cela pousse à la redéfinir. Il faut un équilibre entre part du financement et part de détention des droits. On peut aussi imaginer un relâchement de la part dépendante de production: elle se monte à 25% pour TF1 contre 5% pour France Télévisions.

 

La nomination de Gilles Pélisson à la tête de TF1.

Au-delà de l’arrivée d’un homme qui connaît très bien le groupe Bouygues, c’est comme s’il y avait l’anticipation de bouleversements à venir avec la mise sur pied de nouvelles équipes à TF1 comme à Canal+. Il y a une très forte similarité entre la situation de la télé en 2015 et celle de la presse en 2003. Les événements extérieurs imposent à l’ensemble des acteurs une redéfinition de leur rôle.

8,5 millions de téléspectateurs pour la finale de la Coupe du monde de rugby sur TF1.

On n’aurait jamais cru il y a dix ans qu’une finale de rugby sans la France pouvait faire ce score-là. Face à la fragmentation des audiences, les événements capables de rassembler un très grand nombre de personnes sont de plus en plus rares mais, quand ils existent, ils fédèrent un plus grand nombre de téléspectateurs.



Google noue des partenariats avec des éditeurs médias comme Lagardère.

On peut voir Google - dont je suis membre du Digital News Initiative - comme une très grande régie publicitaire qui a eu jusqu’à présent un taux de régie de près de 100%, avec un très faible reversement. Aujourd’hui, il y a la reconnaissance par beaucoup d’éditeurs de presse de la nécessité de bien connaître ses outils pour être bien consultés et mis en avant et la reconnaissance par Google du rôle qu’il doit avoir pour favoriser l’écosystème de l’information. Cela passe par des systèmes d’aide ou d’encouragement à des projets innovants mais, sur le plus moyen-long terme,  on ne peut être qu’être en faveur d’une redistribution de la valeur qui soit beaucoup moins inéquitable.



Le lancement des Instant articles de Facebook.

Google essaye d’être l’ordonnateur de l’Internet, son système routier et sa régie, alors que Facebook cherche à être l’Internet pour ses abonnés, c’est-à-dire l’ensemble du paysage dans lequel on se meut. Un système fermé ou semi-fermé. Les Instant articles visent à ce que les gens quittent le moins possible cette plateforme avec un système qui n’est pas forcément défavorable aux éditeurs. Facebook dit que le trafic sera comptabilisé chez l’éditeur qui en conservera la commercialisation s’ils le souhaite. Comscore le prendra en compte, mais quid de Netratings? Et est-ce que Facebook met à disposition des médias les données des utilisateurs? Et les éditeurs doivent accepter de devenir un média distribué, n’ayant plus la maîtrise de la hiérarchisation de ses contenus.

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