Télévision
A l'occasion des dix ans de la chaîne, son directeur général, Guillaume Dubois, publie un livre, Priorité au direct, où il tord le cou au «BFM bashing» en y voyant le produit d'influences diverses.

«BFM TV, ce n'est pas Vuitton», sourit Guillaume Dubois. Une façon de répliquer à Nonce Paolini, le patron de TF1, qui argue que les profits de BFM TV (20% de marge en 2014) supporteraient bien la concurrence de LCI sur le gratuit. «C’est plutôt 10% en marge nette, nous sommes la plus grosse filiale avec 80 millions d’euros de chiffre d’affaires mais RMC contribue encore davantage au résultat. Et nous avons perdu 60 millions d’euros les six premières années. A environnement inchangé, le retour sur investissement est dans deux ans», précise le directeur général de BFM TV.
Ce 12 novembre, pour les dix ans de son média, l'ex-directeur de la rédaction de la chaîne fait paraître un livre, Priorité au direct (Plon), où il plonge dans l'histoire de cette jeune chaîne d'infos qui s'est imposée avec près de 2 points d'audience et surtout «9 à 10 millions de téléspectateurs par jour, ce qui en fait probablement la première marque d'information».
L'occasion de revenir sur quelques coups d’éclat comme ce jour de 2007 où la petite nouvelle a montré que l'on devait compter avec elle lors du débat Bayrou-Royal. Puis, en 2011 et 2012, quand elle a tenu en haleine le téléspectateur avec le feuilleton DSK et l’affaire Merah. Ou enfin, en 2013, lorsque Le Monde titre sur la «BFMisation de la vie politique», montrant ainsi le poids pris par la chaîne. «La rançon du succès», relève Guillaume Dubois, «beaucoup de politiques trouvent que BFM TV est un peu trop puissante… Nous avons bien eu l’amendement LCI».

Fantasmes et BFM bashing

C’est pour riposter  à un «BFM bashing», survenu selon lui après l’affaire Léonarda et surtout «l’erreur de quinze secondes» de Dominique Rizet lors de l’attentat de l’Hyper Casher, que le dirigeant prend la plume. «Il y a beaucoup de fantasmes sur le pouvoir médiatique de la chaîne d’info ultradominante, avec son agenda caché et son populisme. Sauf que l’on n’invente rien. Nous n’avons pas dit, comme l’AFP, que le bâtonnier de Melun était mort. Nous sommes juste une bande de journalistes qui essayons de faire notre travail même si on a bouleversé les codes», dit-il.
Un bashing que le dirigeant voit, en 2014, «alimenté par ceux qui distillent du venin contre nous, comme Michel Field dans Le Monde et Olivier Duhamel dans Le Figaro sur le mode “il faut une chaîne sérieuse avec LCI”». Le voilà obligé de ferrailler avec le groupe TF1 qui attend pour sa chaîne d’info un feu vert du CSA que certains jugent probable en décembre. «Il y a eu deux refus de passage en clair, en 2011 et 2014, rappelle-t-il, la réponse doit être la même puisque, selon TF1, il n’y a pas de signaux de reprise du marché publicitaire».

L’arrivée d’une chaîne d’info du service public est un nouveau «nuage» au-dessus de BFM TV qui craint un grignotage de son audience. Mais la chaîne a investi, avec ses 65 millions d’euros de budget et ses 400 collaborateurs dont 330 CDI et 250 journalistes. Partie de bas, elle se muscle aussi sur internet comme le prouve ses 5,4 millions de visiteurs uniques et les 120% de croissance annuelle de Bfmtv.com suite au rachat de Moneyweb. Ce n’est qu’un début. «Progressivement, on donne de moins en moins de vidéos aux autres…»,  confie Guillaume Dubois. Tant pis pour Le Figaro et consorts.

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