Digital manager
La directrice générale déléguée à la stratégie et aux programmes de France Télévisions, Caroline Got, s'est vu confier la tâche de poursuivre le développement numérique du groupe, notamment sur le mobile. En poussant des contenus.

De son bureau en bord de Seine, à France Télévisions, Caroline Got peut regarder à loisir l'autre rive, cette tour TF1 où elle était il y a encore quelques mois directrice générale de TMC et NT1. Son profil Linked In s'est arrêté à cette fonction. Pourtant, depuis cet été, la dirigeante est passée du management direct d'une équipe de 65 personnes à la direction générale déléguée à la stratégie et aux programmes de France Télévisions, un groupe fort de 9570 salariés. A la demande de Delphine Ernotte, la présidente, elle prend aussi en charge le numérique, devenant de facto le successeur de Bruno Patino.

Caroline Got se dit impressionnée par le travail réalisé sur le numérique sous son prédécesseur, par la richesse de l'offre, distingue «l'empreinte très forte» laissée par Pluzz ou Francetvinfo, salue la stratégie d'hyperdistribution qui a permis d'atteindre 10,4 millions de visiteurs uniques et 4 millions sur le mobile. What else? Ah oui, il importe quand même de «pousser les offres mobiles» alors même que la consommation des programmes est de plus en plus nomade, et de favoriser certains accès comme Facebook, véritable porte d'entrée de la consommation des jeunes et moins jeunes. «C'est une logique qui se superpose ou se juxtapose», note-t-elle, toute en se félicitant du fonctionnement agile des équipes digitales.

Une pro de la télé

Caroline Got n'est pas une spécialiste du digital ni de la promotion de soi. Mais c'est une professionnelle de la télé. Après les pré-achat à TPS Cinéma et la direction de l'unité fiction étrangère à France 3, elle s'est occupée du devenir des chaînes TNT du groupe TF1 en faisant passer TMC de 2% à 3,5% de part d'audience et en repositionnant la chaîne sur une cible 15-34 ans féminine. Sa chance? Bénéficier d'une certaine autonomie vis-à-vis de TF1, avec son propre compte d'exploitation, en raison d'accords de cinq ans pris devant l'Autorité de la concurrence. «J'ai fait tous les métiers ou le même métier en plus petit», dit-elle. Depuis le développement de la notoriété jusqu'à la gestion des distributeurs en passant par la présence numérique.

Ayant bénéficié d'autonomie, Caroline Got en attend autant de ses troupes. «Je ne définis pas tout jusqu'au microdétail, confie-t-elle. Mais je suis extrêmement ferme sur les définition et le partage des objectifs.» Sa connaissance multifacette et son expérience de la télé sont un atout pour Delphine Ernotte qui ne veut pas d'un «digital maker» mais d'une stratège des contenus. D'une part parce qu'il s'agit d'instiller une véritable culture du numérique auprès de l'ensemble des programmes et des directions de chaînes, et non pas se contenter d'équipes ad hoc - 150 personnes au total. Ensuite, et surtout, car il lui faut une experte de la production pour mettre sur pied sa plateforme de vidéo à la demande par abonnement, le fameux «Netflix de la création française». Caroline Got, qui estime que les séries, la jeunesse et les documentaires sont les programmes qui fonctionnent le mieux en délinéarisé, discute avec les syndicats de producteurs sur les droits au-delà de la diffusion linéaire. Bientôt le «New deal» diffuseurs-producteurs espéré par sa patronne? «On se met d'accord avec les producteurs et on revient vers la tutelle», dit-elle.

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