Télévision

Le CSA (Conseil supérieur de l'audiovisuel) a publié une nouvelle étude sur l'impact du passage en gratuit de la chaîne d'information LCI, réclamé par TF1, qui présente des éléments d'analyse moins défavorables que l'étude de juillet 2014, qui avait motivé son refus. «L'analyse est comparable à celle de 2014 en terme de consommation de la télé, toujours en tendance à la baisse. En termes de marché publicitaire, elle est un peu plus positive mais encore loin des niveaux d'avant 2009. La plus grande différence réside dans la nature du projet éditorial de LCI», a-t-on souligné au CSA.   

 

Le gendarme de l'audiovisuel devait publier cette étude avant de se prononcer à nouveau sur le passage de la chaîne en gratuit. Son refus de l'an dernier a en effet été annulé en juin par le Conseil d'Etat pour vice de procédure. Pour la même raison, le Conseil a réalisé de nouvelles études d'impact sur l'éventuel passage en gratuit de Paris Première (groupe M6) et Planète+ (groupe Canal+), également parues lundi soir. L'audience des chaines d'info stagnera autour de 3-4%, selon le CSA. Une LCI gratuite ferait donc baisser la part d'audience de BFMTV et d'iTélé «d'au moins 0,2 point» et pourrait capter 5,1% de leurs recettes publicitaires nettes conjointes en 2013. Elle mordrait aussi sur l'audience de chaînes généralistes comme celle de France 2 le matin, ou encore sur celle de L'Equipe 21.   

 

TF1 ne prévoit toujours pour LCI qu'un résultat bénéficiaire à l'horizon 2019, à la condition aussi d'une «reprise durable du marché de la publicité télévisuelle». Le CSA se base sur une simulation d'au maximum 1,8% d'audience pour LCI en 2020. Mais LCI bénéficierait de l'appui de la régie de TF1, qui pèse près de 50% du marché publicitaire, et pourrait recruter de nouveaux annonceurs. En revanche, le CSA liste plusieurs éléments nouveaux, qui jouent en faveur d'une LCI gratuite.    D'une part son nouveau projet éditorial, désormais plus différencié par rapport à BFMTV, avec davantage de magazines et moins d'info en continu, qui constituerait «un apport» en terme de pluralisme, selon le CSA. D'autre part, BFMTV, désormais acquis par Patrick Drahi, est moins fragile qu'en 2014, même si cet appui ne constitue pas une «garantie inconditionnelle» de pérennité. Enfin le CSA estime qu'en cas de refus du passage en gratuit, LCI risquerait de fermer. Avant de trancher, le Conseil doit maintenant entendre les tiers, comme le groupe NextRadioTV, maison mère de BFMTV.

 

Concernant Paris Première, selon cette nouvelle étude, la chaîne «pourrait provoquer une certaine curiosité» si elle continuait à diffuser des spectacles et misait sur ses magazines, et pourrait «presque doubler» son volume publicitaire en passant au gratuit, avec l'appui de la régie de sa maison mère M6. La chaîne (0,7% d'audience sur la vague janvier-juin 2015) devrait vraisemblablement dépasser 1% et atteindre au maximum 2% de parts d'audience en cas de passage en gratuit, selon le CSA.

 

Le CSA compare l'impact de l'éventuelle arrivée de Paris Première sur la TNT gratuite à celui des nouvelles chaînes HD: «en 2013, la répartition des prises de parts de marché effectuées par les chaînes TNT de deuxième génération, à l'image de leurs prises de part d'audience, s'est effectuée aux dépens des chaînes historiques. De la même manière, le passage de Paris Première en gratuit devrait aussi avoir un impact minime sur les chaînes les plus fragiles». A un très faible niveau, «ce sont les chaînes des groupes NextRadioTV (BFM TV et RMC Découverte) et Canal Plus (iTélé en premier lieu, D8 et Canal+ de manière moins marquée) qui pourraient être les plus affectées par des transferts d'audience en cas de passage en gratuit de LCI, Paris Première et Planète+», selon le CSA.   

 

L'Autorité de la concurrence avait estimé au mois d'octobre que le passage en clair de Paris Première ne poserait de problème ni pour le marché publicitaire, ni pour le marché des contenus.  Lancée sur le câble en 1986 à l'initiative de la Mairie de Paris et de la Lyonnaise des Eaux, Paris Première appartient depuis 2004 au groupe M6. La chaîne est diffusée sur la TNT essentiellement au sein d'un bouquet thématique commercialisé par CanalSat et comprenant également LCI et Planète+. La disparition de ce bouquet, en cas de refus pour Paris Première et de passage des deux autres chaînes, pourrait compromettre l'existence de Paris Première, selon le gendarme de l'audiovisuel.

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